Sebastian Coe n’est pas membre du CIO. Pas encore. Mais il serait injuste de la part de l’institution olympique de le laisser trop longtemps à la porte. Ces dernières semaines, le président de World Athletics n’a pas ménagé ses efforts pour satisfaire le mouvement sportif, au-delà même de sa propre famille. Il a marqué des points.
A peine annoncé le report d’une année des Jeux de Tokyo 2020, Sebastian Coe a pris son téléphone pour appeler les Etats-Unis. Il a contacté les organisateurs des Mondiaux en plein air 2021, prévus à Eugene, dans l’Oregon. Les deux parties ont convenu sans avoir à enfiler les gants de repousser l’événement d’une année.
Restait à trouver une date. La meilleure possible. Elle a été annoncée mercredi 8 avril par un communiqué de World Athletics. Les Mondiaux 2022 à Eugene se dérouleront du 15 au 24 juillet. Ils étaient initialement prévus du 6 au 15 août 2021.
A la différence des Jeux de Tokyo, décalés d’une année moins un jour (23 juillet au 8 août 2021), les Mondiaux d’athlétisme en plein air bouleversent leurs plans. Ils avancent de trois semaines. Tout sauf anecdotique.
A la différence du CIO, World Athletics a tenu compte du calendrier international avant de décider d’une date pour son rendez-vous majeur. L’organisation basée à Monaco aurait pu imposer son diktat, elle a choisi de composer avec la concurrence. Beau geste.
L’équation semblait pourtant ardue. En 2022, les Jeux du Commonwealth sont prévus à Birmingham, en Grande-Bretagne, du 27 juillet au 7 août. Les championnats d’Europe multisports, dont la deuxième édition se tiendra à Munich, planteront leur décor du 11 au 21 août. L’athlétisme, l’un des six sports au programme (avec l’aviron, le cyclisme, le golf, la gymnastique et le triathlon), s’y déroulera du 15 au 21 août.
Sur le papier, la cohabitation de ces trois rendez-vous au cours d’un même été s’annonçait comme un casse-tête. En avançant les dates des Mondiaux à Eugene, World Athletics a retiré une épine du pied aux organisateurs des Jeux du Commonwealth et des championnats d’Europe multisports.
« Le nouveau calendrier permettra d’éviter la concurrence entre ces grands événements et, grâce à une programmation minutieuse, les athlètes pourront participer à ces trois compétitions de niveau mondial », a suggéré World Athletics dans un communiqué. Les Britanniques, notamment, se verront offrir l’opportunité inédite de viser un historique triplé championnats du monde, Jeux du Commonwealth et championnats d’Europe en moins de deux mois.
Jamais, dans l’histoire de l’événement, une édition des championnats du monde en plein n’avait été organisée aussi tôt dans la saison. Depuis sa création en 1983, le rendez-vous majeur de l’athlétisme s’était toujours déroulé au mois d’août, voire plus tard encore dans l’année.
En bousculant les habitudes, Sebastian Coe joue gagnant sur tous les tableaux. Il met dans sa poche le mouvement sportif, en faisant preuve de souplesse et de diplomatie, sans chercher l’épreuve de force. Surtout, il installe l’athlétisme sur une vague assez porteuse pour l’amener plus haut encore.
Entre 2021 et 2025, la discipline proposera aux médias et au public au moins un événement de niveau planétaire tous les ans, sans un seul coup de mou : Jeux olympiques en 2021 à Tokyo, Mondiaux en 2022 à Eugene, Mondiaux en 2023 à Budapest, Jeux olympiques en 2024 à Paris, Mondiaux en 2025 dans une ville encore à déterminer. Très fort.