Les Américains n’aiment pas la rigueur. Mais la pandémie de coronavirus annonce une longue période d’austérité pour leur mouvement olympique. Plusieurs années à serrer les budgets et revoir les dépenses à la baisse.
Sarah Hirshland, la directrice générale du comité olympique et paralympique américain (USOPC), l’a expliqué sans langue de bois au Wall Street Journal : le budget de son organisation pourrait être diminué de 20% jusqu’aux Jeux de Paris 2024.
A l’échelle de la première puissance olympique mondiale, une telle réduction prend des proportions pharaoniques. L’USOPC dispose pour la durée d’une olympiade, soit quatre années, d’une enveloppe d’environ 1 milliard de dollars (925 millions d’euros au cours actuel). Une coupe franche de 20% représente donc plus ou moins 200 millions de dollars. Tout sauf anecdotique.
Précision : la prévision budgétaire pourrait s’avérer insuffisante dans l’hypothèse d’une annulation des Jeux de Tokyo 2020. Les Américains, toujours très pragmatiques, n’écartent pas un tel scénario. Ils ne sont pas les seuls.
Le calcul est simple : l’USOPC va devoir rogner ses dépenses d’environ 50 millions par an jusqu’aux Jeux de Paris 2024. Comment ? Sarah Hirshland prévient : les aides aux athlètes et les subventions aux fédérations sportives nationales, dans les sports olympiques et paralympiques, ne seront pas touchées.
Il n’est pas non plus prévu de réduire les équipes de l’USOPC, dont les effectifs approchent les 500 personnes, entre le siège social à Colorado Springs et les bureaux dans le reste du pays, notamment à New York et Los Angeles.
Dans l’immédiat, la cure d’austérité se traduit par une réduction des salaires. Sarah Hirshland a diminué le sien de 20%, jusqu’à la fin de l’année 2020. Les autres membres de l’équipe de direction ont accepté de sacrifier 10% de leurs revenus.
La directrice générale en convient : « La période à venir s’annonce très difficile. Les réductions budgétaires auront un impact direct sur certains programmes dont nous étions très satisfaits. Mais tous les scénarios que nous envisageons prévoient une perte de recettes significative au cours des cinq prochaines années. Aujourd’hui, nous ne savons ni combien nous allons perdre, ni à quel moment nous toucherons l’argent des différents contrats. Nous travaillons actuellement sur une planification des rentrées et des sorties d’argent afin d’anticiper les mouvements de trésorerie. »
A court terme, le quotidien de l’USOPC ne semble pas menacé. L’organisation américaine dispose d’une réserve d’environ 200 millions de dollars. Un matelas confortable. Mais Sarah Hirshland l’a confié au Wall Street Journal, il n’est pas prévu de piocher dans ce trésor de guerre pour éponger les pertes liées à la crise sanitaire.
Le comité olympique et paralympique n’envisage pas non plus de solliciter l’aide des autorités publiques américaines, à la différence de certaines fédérations sportives nationales. Mais son équipe de direction ne veut écarter aucun scénario, même le plus sombre.
« Si les Jeux étaient annulés, que ce soit les prochains à Tokyo ou les suivants à Pékin en 2022, nous nous retrouverions dans une situation très très difficile, reconnait-elle. Notre réserve deviendrait alors essentielle à la survie de l’organisation. »
En attendant d’avoir une vision moins floue des mois à venir, l’USOPC et son entité commerciale, l’US Olympic and Paralympic Properties, ont débuté les discussions avec leurs partenaires privés. Ils ont proposé à certains d’entre eux de prolonger leur engagement jusqu’au terme des Jeux de Tokyo en 2021, sans leur demander la moindre rallonge. Une année gratuite, donc. Un geste qui aurait semblé impensable quelques mois en arrière.