La tribune rédigée par Guy Drut sur les effets de la pandémie de coronavirus dans le mouvement sportif international, en particulier sur les Jeux de Paris 2024, continue à agiter le mouvement olympique. Elle suscite l’incompréhension, voire un certain malaise, dans la capitale française, mais également à Lausanne.
Mardi 28 avril, deux jours après sa publication sur le site de France Info, le CIO a tenu à prendre ses distances avec le texte du champion olympique du 110 m haies aux Jeux de Montréal en 1976.
L’institution olympique a expliqué, par la voix d’un porte-parole, que les propos de Guy Drut reflétaient seulement son « opinion personnelle », certainement pas la position du CIO. Elle insiste également sur le caractère durable et participatif du projet de Paris 2024, parfaitement dans la ligne des réformes de l’Agenda 2020 et de la Nouvelle norme.
A Bruxelles, Pierre-Olivier Beckers (photo ci-dessus, à droite, avec Tony Estanguet) n’a pas non plus beaucoup apprécié le message délivré par Guy Drut. Membre du CIO, le Belge préside la commission de coordination des Jeux de Paris 2024. Il a répondu aux questions de Philippe Vande Weyer, le spécialiste des questions olympiques au quotidien Le Soir.
La sortie de Guy Drut vous a-t-elle surpris ?
Pierre-Olivier Beckers : Guy est et a toujours été, on le sait, quelqu’un d’entier. C’est un homme direct et passionné par le mouvement olympique, qui veut tout faire pour le sauver à l’heure où le monde est en crise. Je suis certain que sa carte blanche part d’une bonne intention. Mais son message jette de la confusion autour du projet Paris 2024. Et il est malheureux qu’il jette ce pavé dans la mare aujourd’hui, sans avoir pris contact avec les membres du comité organisateur, en faisant cavalier seul.
En quoi son message tombe-t-il mal à propos ?
Il laisse à penser que Paris 2024 ne s’inscrit pas dans une logique responsable, solidaire et respectueuse sur le plan financier, alors qu’il s’agit d’une vision exprimée depuis le début par ses organisateurs. Avec le CIO, en leur compagnie, on y veille au grain et on s’est mis une obligation de rester dans les clous. Et puis, à la lumière de la crise du Covid-19, on n’a pas attendu pour plancher sur la nécessité d’aller plus loin et de réfléchir à organiser les Jeux de manière différente.
Cette carte blanche peut-elle laisser des traces ?
Elle a, en tout cas, été ressentie comme un « missile ». Ce qui est le plus difficile à digérer dans sa lettre, c’est l’utilisation de certains mots, comme « obsolète », « dépassé » ou « déconnecté de la réalité ». C’est très dur pour les équipes de Paris 2024 parce qu’ils ne pourraient pas être plus à l’opposé du projet qu’elles sont en train de développer.