Partout ailleurs dans le monde, le « sport d’après » reste enveloppé d’une épais nuage de mystère et d’incertitude. Avec ou sans spectateurs ? A quelle date ? Dans quelle ambiance ? En Corée du Sud, un coin du voile a été levé mardi 5 mai. Il révèle un spectacle encore jamais vu, et peu imaginé, même dans les récits d’anticipation.
La saison professionnelle de baseball (KBO) a officiellement débuté mardi, en Corée du Sud, par une poignée de rencontres disputées dans l’ensemble du pays. Elle aurait dû frapper ses trois coups cinq semaines plus tôt, mais la pandémie de COVID-19 a bouleversé le calendrier.
Au début du mois de mars, imaginer une saison de baseball en mai relevait encore de l’impossible. La Corée du Sud enregistrait alors environ 500 nouveaux cas de COVID-19 par jour. Mais les mesures prises très tôt par les autorités politiques – contrôles stricts aux frontières, multiplication des tests de dépistage, isolement des personnes positives et traçage de leurs contacts – ont permis d’endiguer la propagation du virus. Mardi 5 mai, la Corée du Sud a recensé seulement trois nouveaux cas, le chiffre le plus bas depuis la fin du mois de février.
Le baseball a repris, donc. La saison de football (K-league) doit débuter à son tour vendredi 8 mai. Le circuit féminin de golf suivra la semaine prochaine.
Le « sport d’après » ne se conjugue plus au futur, en Corée du Sud, mais le spectacle proposé ne ressemble que de très loin à l’image habituelle d’un événement sportif.
Les joueurs et entraîneurs de chaque équipe doivent se soumettre à une prise de température avant d’entrer dans le stade. Les arbitres portent un masque, tout comme les coachs placés sur le terrain, aux première et troisième bases. Il est interdit aux joueurs de signer des autographes. Il leur est également interdit de se taper dans les mains , le « high five », à tout moment de la rencontre.
A l’entraînement, il est exigé à toutes les équipes d’équiper leur effectif avec des masques et des gants en latex. Il est interdit de cracher. Si un seul joueur d’une équipe était testé positif au COVID-19 à n’importe moment de la saison, le championnat serait immédiatement suspendu pour un minimum de trois semaines.
Le public ? Absent. La saison de baseball a débuté mardi 5 mai devant des stades vides. Le championnat de football suivra la même voie à partir de vendredi. Selon le discours officiel, il en sera ainsi jusqu’à obtenir la certitude d’un risque d’infection minimum, voire quasi nul.
A défaut de spectateurs, les équipes sud-coréennes ont pioché dans la boîte à idées pour tenter d’animer les rencontres. A Incheon, les sièges d’une tribunes ont été recouverts de bannières horizontales illustrées par des silhouettes de supporteurs portant un masque et une casquette de baseball.
A Daegu, la ville sud-coréenne la plus durement touchée par le virus, l’écran géant du stade a été utilisé pour diffuser des messages vidéo de joueurs, de célébrités et de fans remerciant les médecins et le personnel soignant.
Dans plusieurs stades du pays, les équipes de cheerleaders ont été sollicitées pour jouer leur numéro comme à l’habitude, mais sans un seul spectateur pour en apprécier la chorégraphie.
Effet inattendu de l’arrêt prolongé des autres championnats : la nouvelle saison de KBO bénéficiera d’une couverture médiatique sans égale dans l’histoire. La chaîne américaine ESPN et la plateforme sportive japonaise SPOZONE ont conclu un accord de diffusion des rencontres. Une aubaine pour le baseball sud-coréen. Mais un choix par défaut pour ses nouveaux diffuseurs.
Faut-il voir dans ces premières rencontres un signe d’espoir pour le mouvement sportif international, privé de compétitions depuis près de deux mois ? Sans doute. Mais la lueur reste timide.