Parfait timing. Moins de vingt-quatre heures avant une réunion de la commission exécutive du CIO censée mesurer l’impact de la crise sanitaire sur les finances du mouvement olympique, ce jeudi 14 mai, les fédérations sportives internationales ont obtenu un sérieux coup de pouce.
Mercredi 13 mai, le Conseil fédéral suisse a annoncé toute une volée de mesures destinées à aider l’écosystème sportif à se relever de la crise économie actuelle sans laisser trop de plumes. Les plus spectaculaires concernent le sport national, amateur et professionnel. Normal. Mais les fédérations internationales ne sont pas oubliées.
Les ligues professionnelles suisses de football et de hockey sur glace pourront bénéficier de 350 millions de francs suisses (333 millions d’euros au cours actuel), sous la forme de prêts remboursables. Les fédérations sportives suisses se partageront, de leur côté, un pactole de 150 millions de francs (143 millions d’euros). A la différence des ligues professionnelles, il s’agira d’une aide directe, non pas d’un prêt à rembourser. Cool.
Moins attendu : le Conseil fédéral suisse n’oublie pas les fédérations internationales. Elles sont actuellement plus d’une cinquantaine à résider en Suisse, à Lausanne pour l’essentiel, mais également à Zurich (FIFA) ou Aigle (UCI).
La pandémie de coronavirus ne les épargne pas. Les plus fortunées (FIFA) traversent la tempête sans craindre de se prendre la porte. Mais elles sont nombreuses à scruter au quotidien leur compte bancaire en se demandant comment éviter de plonger dans le rouge, sans pouvoir compter à court terme sur les subventions du CIO, les droits de diffusion ou les recettes de leurs événements.
Jean-Christophe Rolland, le président de la Fédération internationale d’aviron (FISA), l’expliquait la semaine passée dans FrancsJeux : « Le report des Jeux de Tokyo et l’arrêt des compétitions ont un impact très important sur nos revenus. Nous avons une gestion très prudente, avec un fonds de réserve à notre disposition pour parer à une éventuelle baisse de nos ressources. Mais la situation est préoccupante. »
Le Conseil fédéral suisse les a entendues. Il a annoncé mercredi 13 mai la mise en place d’un système de prêts remboursables, dont le montant et les modalités seront étudiés au cas par cas. La FIFA et l’UEFA ne sont pas concernées. A juste titre. Elles ne sont pas menacées d’insolvabilité, à la différence des organisations les plus fragilisées du mouvement olympique.
Même chose pour le CIO. Ses caisses sont pleines et sa trésorerie à l’abri de tout danger. L’instance olympique sera même mise à contribution dans le plan d’aide imaginé par les autorités politiques suisses. Le Conseil fédéral l’a précisé dans un communiqué : « Le CIO doit prendre en charge la moitié des subventions, les cantons concernés et la Confédération prenant en charge l’autre moitié. »
A Lausanne, Thomas Bach a été le premier à réagir à la décision du Conseil fédéral. « Le CIO remercie le Conseil fédéral suisse pour sa proposition de soutenir conjointement avec lui les fédérations internationales de sport, a expliqué le dirigeant allemand dans un communiqué. Nous nous engageons pleinement à mener à bien ce programme de soutien aux fédérations internationales en coopération avec les autorités suisses. Cette initiative est une belle reconnaissance de l’importance des fédérations internationales et du sport. »
Le Conseil fédéral le sait : le sport se relève souvent plus lentement des secousses du monde économique que le reste de l’activité. Son modèle de financement implique une « forte dépendance aux sponsors, aux revenus générés par les événements, aux médias, aux droits de télévision, aux loteries, et aux fonds des collectivités publiques », rappellent les autorités suisses. Tout juste.