Candidatures

Queensland 2032, une candidature arrêtée aux stands

— Publié le 25 mai 2020

L’équilibre s’avère souvent fragile dans le mouvement olympique. A l’automne dernier, l’Australie semblait mener la course aux Jeux d’été en 2032 avec plusieurs longueurs d’avance. A Lausanne, elle était même déjà donnée gagnante. Aujourd’hui, sa candidature est à l’arrêt, bloquée aux stands, moteur coupé.

Annastascia Palaszczuk, la Première ministre du Queensland, l’a annoncé aux parlementaires de l’état via un courrier envoyé en fin de semaine passée : les travaux de l’équipe de candidature aux Jeux d’été en 2032 sont interrompus. Ils resteront en stand by jusqu’à nouvel ordre.

« Le Queensland et l’Australie mettant l’accent sur la lutte contre le coronavirus, il a été convenu que les discussions sur la candidature aux Jeux de 2032 soient suspendues jusqu’à nouvel ordre », a précisé sans langue de bois Annastascia Palaszczuk dans son courrier aux parlementaires de l’état.

John Coates, le président du comité olympique australien, l’a confirmé le lendemain dans un communiqué. « La candidature aura son rôle à jouer en termes d’emploi et de croissance pour l’économie du Queensland, mais seulement après que nous aurons pu sortir de la crise actuelle », a-t-il déclaré.

Le dirigeant australien a confié, dans le même communiqué, que toutes les réunions de l’équipe de candidature avaient été annulées depuis le mois de mars. Le projet est donc bien à l’arrêt. Il pourrait le rester longtemps.

Le Queensland a lancé très tôt son effort dans la course aux Jeux de 2032. L’idée d’une candidature a été évoquée dès l’année 2018, après le succès des Jeux du Commonwealth à Gold Coast. En septembre dernier, une délégation australienne, conduite par Annastascia Palaszczuk et John Coates, a fait le voyage vers Lausanne pour rencontrer Thomas Bach.

Au mois de décembre 2019, la candidature a été officiellement annoncée, après avoir obtenu le soutien des autorités politiques de l’état et du pays. Elle est construite autour de la ville de Brisbane. Elle s’appuie pour l’essentiel sur des installations existantes, voire temporaires, dont certaines ont été construites ou modernisées pour les Jeux du Commonwealth 2018.

Question : le projet australien survivra-t-il à cette pause forcée ? A ce stade de la pandémie, les indicateurs se révèlent peu optimistes. Malgré un soutien sans faille de la Première ministre de l’état, Annastascia Palaszczuk, et du Premier ministre australien, Scott Morrison, la candidature olympique ne fait pas l’unanimité parmi la classe politique.

L’opposition de droite, dont le parti One Nation, milite depuis l’an passé pour l’arrêt du projet. La semaine dernière, un autre membre de l’opposition, le député Bob Katter, a jugé l’idée « stupide ». « Elle l’était déjà avant la pandémie, elle l’est encore plus aujourd’hui », a-t-il suggéré devant les médias.

Au-delà du seul cas du Queensland, la crise sanitaire actuelle pourrait bien tailler à coups de hache dans le groupe des postulants aux Jeux de 2032. L’Indonésie, notamment. Le mois dernier, les autorités du pays ont fait savoir que les discussions sur la candidature seraient au point mort jusqu’à la fin de l’année, la priorité restant de lutter contre la pandémie.

En Amérique du Sud, où les statistiques affichent des courbes inquiétantes quant à la propagation du virus, il semble aujourd’hui peu probable que l’Argentine insiste longtemps sur son projet de candidature. La crise sanitaire et son impact économique risquent également de refroidir l’ardeur de la Corée du Sud, surtout après avoir obtenu l’organisation des Jeux de la Jeunesse d’hiver en 2024.

La réforme du processus de sélection des villes-hôtes des Jeux, décidée l’an passé par le CIO, a renvoyé aux oubliettes de l’histoire la règle des 7 ans entre la désignation et l’organisation de l’événement. L’instance olympique peut désormais décider à tout moment de l’attribution des Jeux.

Pour l’édition 2032, il se disait encore récemment que le choix pourrait intervenir dès l’an prochain. A condition, toutefois, de compter encore au moins un candidat. Une perspective désormais très aléatoire.