Paris 2024 tient-il ses promesses ? Sur le budget, la réponse attendra. Sur la durabilité et l’inclusion, un premier bilan doit être dressé ce mercredi 27 mai. Il se présente plutôt bien.
Tony Estanguet, le président du COJO, doit diriger dans la matinée une réunion en ligne du comité stratégique sur l’économie sociale et solidaire (ESS). L’occasion pour le triple champion olympique de rappeler l’engagement du comité d’organisation pour des Jeux durables, inclusifs et solidaires. L’opportunité, surtout, de se pencher sur les résultats de la plateforme ESS 2024, lancée un an plus tôt à l’intention des acteurs du secteur.
Elisa Yavchitz, directrice générale des Canaux, l’association choisie par le COJO Paris 2024 et la SOLIDEO pour piloter l’opération, en a dévoilé à FrancsJeux les premiers résultats et les perpsectives.
FrancsJeux : Un an après le lancement de la plateforme ESS 2024, quel bilan peut-on tirer de ces 12 premiers mois ?
Elisa Yavchitz : Je veux d’abord rappeler que, même si la plateforme a été lancée il y a un an, nous accompagnons Paris 2024 depuis la phase de candidature. Avec le professeur Yunus, prix Nobel de la Paix, les thèmes de l’économie sociale et solidaire ont été portés pendant toute la campagne. Après la victoire de Paris dans la course aux Jeux de 2024, nous avons développé un outil très concret, la plateforme ESS 2024. Elle aide les acheteurs – COJO, SOLIDEO et collectivités maîtres d’ouvrage – à mieux connaître les structures de l’ESS. En parallèle, nous accompagnons les entreprises ou associations de l’ESS à répondre aux appels d’offres ou à s’associer pour postuler. Au sein des Canaux, une équipe de 8 personnes est dédiée à cette tâche.
Les résultats sont-ils à la hauteur des promesses ?
Oui. Après une année, alors que moins de 10 % des marchés ont été publiés, le bilan est largement positif. A ce jour, 117 marchés du COJO Paris 2024 ont été notifiés. Je précise que ce nombre n’inclut pas les marchés lancés par la SOLIDEO. Pas moins de 95 structures de l’ESS ont été lauréates. Trente d’entre elles l’ont été en leur nom propre. Les autres – au nombre de 65 – ont été choisies dans le cadre d’une alliance ou d’une sous-traitance. Pour l’ensemble des marchés déjà attribués, qu’ils aient été lancés par le COJO, la SOLIDEO ou des collectivités maîtres d’ouvrage, le taux de réussite de l’ESS atteint 15 %. Il est très supérieur à la moyenne enregistrée dans le reste de l’économie française.
Les conséquences économiques de la crise sanitaire ne risquent-elles pas de fragiliser le secteur de l’ESS ?
La crise économique fragilise tout le monde, les grands groupes, les PME/TPE et, bien sûr, les structures de l’ESS. Mais pour ces dernières, notamment, les Jeux de Paris 2024 peuvent constituer un espoir. Ils peuvent contribuer à la relance de l’économie. Depuis le début du confinement, nous avons dû suspendre les étapes de notre tour de France de présentation de la plateforme ESS 2024 prévues initialement en mai et juin. Elles sont reportées à la rentrée. Mais le COJO, même en télétravail, n’a pas ralenti ou interrompu la publication de ses appels d’offres.
Confronté lui aussi aux effets de la crise économique, le COJO Paris 2024 ne sera-t-il pas tenté de se tourner vers une approche plus « classique » ?
Je ne crois pas. Les structures de l’ESS peuvent constituer un vecteur de la relance économique. Si nous continuons à les accompagner comme nous le faisons depuis un an, elles peuvent rester dans le coup. Dans la période actuelle, le COJO Paris 2024 contribue à sa petite échelle à la relance. Il le fait par ses marchés, bien sûr, car une entreprise lauréate peut au moins compter sur un contrat à venir. Mais il le fait aussi par sa méthode. Sa démarche n’est pas un effet d’annonce. Paris 2024 met réellement les moyens.