La date disparaîtra sans doute rapidement dans les oubliettes de l’histoire. Mais elle n’en est pas pour autant anodine. Le travail a repris, ce lundi 1er juin, au comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020.
Pour la première fois depuis près de deux mois, les salariés de Tokyo 2020 ont poussé à nouveau la porte des bureaux. Après des semaines de télétravail, ils ont été invités à retrouver leurs places dans les « open space » du comité organisateur. Une avancée rendue possible par le passage à la phase 2 du déconfinement dans la capitale japonaise.
Le retour à la normale n’est pas encore pour demain. Les équipes de Tokyo 2020 occupent les lieux selon un système de rotation, sans dépasser la limite de 50 % de la capacité d’accueil des bureaux, en respectant les mesures de protection sanitaire et de distanciation sociale.
Prometteur. Mais le pire n’est toujours pas écarté pour les organisateurs japonais. Le spectre d’une annulation des Jeux continue de survoler Tokyo et ses environs.
Les derniers nuages viennent des Etats-Unis. Selon un éminent épidémiologiste américain, les effets de la crise sanitaire actuelle ne se seront certainement pas estompés à temps pour que l’événement olympique et paralympique se déroule au cours de l’été 2021.
William Hanage, un épidémiologiste de l’Université de Harvard, l’a expliqué au site Around the Rings : il semble aujourd’hui très improbable, voire quasiment impossible, que la propagation du COVID-19 soit suffisamment maîtrisée au cours des 12 mois à venir pour assurer la tenue des Jeux de Tokyo en toute sécurité.
Selon le scientifique américain, le seul scénario incitant à l’optimisme serait une immunité à très grande échelle de la population mondiale. Mais tous les experts de la santé s’accordent pour penser qu’il faudra plusieurs années pour atteindre un tel résultat. « Et une immunité à grande échelle de la population mondiale se fera au prix de maladies et de décès en nombres considérables », suggère William Hanage.
Le scientifique américain est formel : la nature même de l’événement olympique, avec ses centaines de milliers de personnes rassemblées dans des lieux de grande densité, comme le village des athlètes, représente un immense défi. Les conditions d’organisation des Jeux vont même à l’encontre des recommandations les plus élémentaires des autorités de santé.
En prime, il est avéré que le coronavirus se propage plus facilement durant les mois d’été et dans les lieux fermés. Selon William Hanage, les risques de propagation sont accrus dans les sites de compétition en intérieur, comme un gymnase, un vélodrome ou un terrain couvert.
« En clair, tout cela veut dire que les Jeux olympiques, où les athlètes du monde entier sont logés dans un même village, sans même parler de la foule des spectateurs, constitueraient pour le virus une formidable opportunité de se propager », explique William Hanage.
Le scientifique poursuit : « Nous en sommes encore au tout début de la pandémie. Mais il est déjà acquis que le virus profitera de toutes les possibilités pour continuer à se propager. » A l’évidence, les Jeux de Tokyo présentent tous les ingrédients pour qu’il continue à faire des ravages. Inquiétante perspective.