Le monde d’après se dessine d’un trait encore flou et imprécis, mais il s’annonce rude et sans pitié pour les instances sportives internationales. La pandémie de coronavirus n’a pas seulement asséché leurs réserves d’argent. Elle s’apprête aussi à faire le tri parmi les candidats à leurs événements majeurs.
Après l’Australie, où le Queensland a annoncé mettre entre parenthèses sa candidature aux Jeux de 2032 le temps de relancer son économie, un autre géant du monde sportif met les pouces. Le Brésil a fait savoir lundi 8 juin qu’il se retirait de la course au Mondial féminin de football en 2023.
Les deux retraits se suivent de quelques jours, mais ils s’avèrent peu comparables. L’Australie reste toujours officiellement candidate aux Jeux d’été en 2032. Elle a seulement mis son projet olympique en pause. Elle devrait normalement le relancer, même s’il n’est pas exclu que la pandémie lui ait donné un coup fatal.
Au Brésil, en revanche, la candidature au Mondial 2023 est définitivement rayée du paysage. La Confédération brésilienne de football a expliqué que la crise sanitaire avait frappé durement son économie. Le pays n’est donc plus en mesure de fournir à la FIFA les garanties financières exigées dans le dossier de candidature.
La Confédération brésilienne de football a également annoncé qu’elle allait désormais apporter son soutien à la candidature de la Colombie. Le pays sud-américain est en concurrence avec le Japon et un projet commun porté par l’Australie et la Nouvelle-Zélande. La décision de la FIFA est attendue pour le 25 juin.
Dans un communiqué, la Confédération brésilienne de football assure « comprendre la prudence du gouvernement brésilien et des autres partenaires, publics et privés, initialement engagés dans la candidature. »
Selon la banque d’investissement Goldman Sachs, l’économie brésilienne devrait afficher cette année une baisse d’au moins 7,4 %. Le Brésil pointe actuellement en tête des pays d’Amérique latine les plus touchés par la pandémie, avec plus de 37.000 décès confirmés.
Queensland 2032 et Brésil 2023 présentent donc bien deux cas différents, mais avec un dénominateur commun : les effets économiques de la pandémie de COVID-19. Dans les deux pays, les autorités politiques ont estimé qu’il n’était ni prudent ni pertinent de se lancer dans la course à un événement sportif mondial en ces temps d’incertitude.
Dans les deux pays, la perspective de recevoir un rendez-vous majeur du calendrier sportif international n’a pas été perçue comme une opportunité de relancer l’économie et stimuler l’emploi, voire de redonner le moral à la population. A l’inverse, le pouvoir politique a raisonné en termes de risques financiers, de dépenses et de possibles surcoûts.
En avril 2019, la FIFA avait annoncé non sans fierté avoir enregistré officiellement neuf candidatures pour la Coupe du Monde féminine en 2023. Un record. Quatorze mois plus tard, l’instance internationale en recense seulement trois. Révélateur.