Mauvais timing ? En plein procès de Lamine Diack, où la corruption et le détournement sont prononcés à tous les modes depuis la semaine passée, l’Association des fédérations internationales des sports olympiques d’été (ASOIF) a publié mardi 16 janvier sa troisième étude sur la gouvernance dans le mouvement sportif. Elle révèle un progrès quasi général des instances internationales.
Un chiffre résume la tendance : 26 des 28 fédérations internationales membres de l’ASOIF ont obtenu au moins 120 points (sur un maximum de 200) à cet examen de passage réalisé tous les deux ans.
Les fédérations ont été testées entre novembre 2019 et janvier 2020. Le questionnaire comptait 50 indicateurs, recouvrant cinq domaines : la transparence, l’intégrité, la démocratie, le développement, et enfin les mécanismes de contrôle. Chacun des indicateurs comptait pour 4 points.
Le résultat de l’enquête menée par l’ASOIF était attendu au mois d’avril, mais la pandémie de COVID-19 en a retardé la publication.
Pour la première fois en trois éditions de l’étude, les notes de chacune des fédérations internationales sont rendues publiques. Il en ressort un classement, lui aussi inédit, où les bons et les mauvais élèves ne sont pas forcément ceux qui étaient les plus attendus.
En tête de liste, un groupe de six fédérations internationales mène le peloton, avec des scores proches de l’excellence : le badminton (BWF), l’équitation (FEI), le football (FIFA), le cyclisme (UCI), le rugby (World Rugby), et le tennis (ITF).
A l’autre bout du banc, un groupe composé lui aussi de six instances internationales ferme la marche : la natation (FINA), le judo (IJF), l’haltérophilie (IWF), le surf (ISA), le baseball/softball (WBSC), et le skateboard (World Skate). Les trois dernières apparaissent dans l’étude au titre de membres associés de l’ASOIF, leur discipline étant présente aux Jeux de Tokyo comme sport additionnel.
Francesco Ricci Bitti, le président de l’ASOIF, résume la tendance : « Beaucoup de progrès ont été réalisés au cours des dernières années. Clairement, l’évolution est très positive, même s’il existe encore des écarts entre les meilleurs et les plus faibles. »
Parmi les bons points relevés par l’étude de 56 pages, supervisée par le cabinet de conseil londonien I Trust Sport, une avancée vers une réelle transparence. Pas moins de 25 fédérations internationales publient au moins une fois par an un audit externe.
Autre chiffre révélateur d’un progrès : elles sont 15 à proposer une boîte e-mail pour recueillir les témoignages de lanceurs d’alerte.
Tout va bien, donc. A une nuance près : la parité. Le CIO peut bien militer sans lassitude pour l’égalité des sexes dans le paysage olympique, les faits révèlent une réalité très éloignée des ambitions de l’Agenda 2020.
La preuve : une seule fédération internationale affiche aujourd’hui plus de 40 % de femmes au sein de son comité exécutif. Elles sont huit à compter moins de 15 % de représentantes féminines dans leur principal organe de décision. Peut mieux faire, donc.
Mais le CIO reste lui aussi loin de la parité, avec quatre femmes au sein de sa commission exécutive, pour onze hommes.
Autre point faible du mouvement olympique : l’immobilisme. Plusieurs fédérations olympiques, dont la FINA, sont présidées par des dirigeants en place depuis au moins deux décennies. L’étude de l’ASOIF révèle que neuf d’entre elles n’ont toujours pas modifié leurs statuts pour limiter la durée du mandat présidentiel.
« Nous sommes en faveur de la limitation des mandats, suggère Francesco Ricci Bitti. Pour être crédible, un sport doit s’appuyer sur une bonne gouvernance. » Une évidence.