Une hécatombe. Débutée avec le chiffre record de neuf partants, la course à l’organisation du Mondial féminin de football en 2023 se terminera jeudi 25 juin avec seulement deux concurrents. Tous les autres ont mis les pouces avant la ligne d’arrivée. Le Japon, longtemps présenté comme l’un des postulants les plus sérieux, vient d’abandonner à son tour.
La Fédération japonaise de football (JFA) a annoncé lundi 22 juin qu’elle renonçait à poursuivre la course. Elle a retiré sa candidature au Mondial féminin 2023, trois jours seulement avant la décision du comité exécutif de la FIFA.
La raison invoquée peut surprendre. Le président de la JFA, Kozo Tashima, l’a expliqué sans langue de bois à l’occasion d’une allocution en ligne : le Japon préfère se retirer plutôt que connaître une défaite jugée inéluctable.
Les Japonais ont fait leur compte de voix. Ils savent que la balance ne penche pas de leur côté. Surtout, ils n’ont pas eu besoin de lire entre les lignes du rapport de la commission d’évaluation de la FIFA, publié le 10 juin, pour comprendre que la messe était dite.
Le document n’a pas seulement analysé les forces et les faiblesses des trois derniers dossiers en course, portés respectivement par la Colombie, le Japon, et un ticket Australie-Nouvelle-Zélande. Il a aussi distribué des notes.
Avec un résultat de 4,1 points sur 5, le duo du continent océanien mène l’allure. Sauf immense surprise, il sera choisi jeudi 25 juin par la FIFA. Le Japon est classé en deuxième position, avec 3,9 points. La Colombie ferme la marche, avec une note faiblarde de 2,8.
« La décision a été difficile à prendre, a reconnu Kozo Tashima. Nous y avons pensé pendant deux semaines, mais c’est la meilleure décision compte tenu de tous les facteurs ».
Le président de la Fédération japonaise de football ne s’en est pas caché : la pandémie de coronavirus n’a pas aidé la cause du dossier japonais. Et cela, pour au moins deux raisons.
La première tient au calendrier. Le report des Jeux de Tokyo en 2021 amènerait l’élite du football féminin à disputer ses deux tournois majeurs, les JO et le Mondial, en seulement deux ans dans le même pays. Un scénario peu probable, selon l’analyse de la JFA.
La deuxième raison est plus logistique. Les Japonais avaient prévu de boucler leur campagne au pas de course, en sillonnant le monde dans un subtil travail de lobbying. La crise sanitaire a fait voler leur stratégie en éclats.
Pour les Japonais, le coup est rude. La fédération de football avait ciblé la période 2020-2023 comme une fenêtre de tir historique pour donner un nouveau coup d’accélérateur au développement du football féminin dans l’archipel. Elle devait débuter avec les Jeux de Tokyo, puis se poursuivre avec le Mondial 2023. Dans l’intervalle, une nouvelle ligue professionnelle, la WE, doit être lancée en 2021.
Mais les Japonais ne sont pas les seuls à grincer des dents. Le retrait du Japon n’arrange pas non plus les affaires de la FIFA. En avril 2019, l’instance internationale avait annoncé avec fierté avoir reçu neuf candidatures au Mondial féminin 2023, alors présenté comme le plus convoité de l’histoire.
Depuis, les dossiers sont tombés comme des quilles les uns après les autres. Le Brésil a renoncé au début du mois de juin. Le Japon vient de suivre. La décision se jouera donc cette semaine entre deux postulants. Preuve que la FIFA n’échappe pas elle non plus, comme le CIO, à la crise des candidatures.