L’été s’est installé à demeure sur la Suisse. Mais les organisateurs des Jeux de la Jeunesse 2020 à Lausanne ont choisi, mercredi 1er juillet, de prolonger un peu l’hiver. Cinq mois presque jour pour jour après l’événement, ils ont présenté les résultats de la troisième édition des JOJ d’hiver.
Pas de mauvaise surprise : ils sont bons. Et même, allez, mieux que seulement bons. Lausanne 2020 a réussi son pari : l’accueil dans la capitale olympique d’un événement répondant aux résolutions de l’Agenda 2020. En quelques mots, un budget maîtrisé, un héritage pour la population, une organisation durable et, en prime, une compétition tournée vers la mixité.
Les chiffres ? Les Jeux de la Jeunesse d’hiver 2020 à Lausanne ont dégagé un résultat financier positif de 400.000 francs suisses (375.000 euros / 422.000 dollars), pour un budget de 48 millions de francs suisses (45 millions d’euros, 50,8 millions de dollars).
Au total, l’événement a recensé 640.000 spectateurs, dont 350.000 uniquement pour les compétitions sportives. Sur les réseaux sociaux, les JOJ ont généré 64 millions de pages vues, soit 25 fois plus que lors de la dernière édition, organisée en 2016 à Lillehammer (Norvège).
Ils ont été suivis à la télévision par un public estimé à 150 millions de personnes dans le monde. Enfin, leur empreinte carbone (19 kg CO2-eq/spectateur) s’est révélée nettement plus faible que les événements de cette envergure.
Le CIO peut se frotter les mains. Mais l’exemple de Lausanne 2020, où les jeunes athlètes ont souvent emprunté les transports publics, peut-il inspirer les organisateurs des futurs Jeux olympiques, hiver comme été ? FrancsJeux a posé la question à Christophe Dubi, le directeur exécutif des Jeux olympiques au CIO.
FrancsJeux : Parmi tous les résultats présentés par les organisateurs des JOJ de Lausanne 2020 – budget, public, diffusion… – lequel vous semble le plus important ?
Christophe Dubi : Je suis un enfant du cru, je répondrai donc le succès populaire des Jeux de la Jeunesse. L’engagement de la population m’a parfois donné la chair de poule. J’ai vu des sites de compétition bondés du matin au soir, une place des médailles remplie tous les jours. C’est unique dans la ville de Lausanne et le canton de Vaud. C’est aussi la première fois qu’un événement parvient à générer autant d’énergie positive sur une période aussi longue.
A l’heure où le CIO et le comité d’organisation cherchent à simplifier les Jeux de Tokyo, Lausanne 2020 a-t-il apporté des solutions et des idées à reprendre l’an prochain au Japon ?
Le modèle adopté par Lausanne 2020 s’appuyait sur des sites existants ou temporaires. Les JOJ ont prouvé que ce modèle fonctionnait. Les organisateurs ont également utilisé sur les sites des équipes qui travaillaient au quotidien sur ces installations, sans chercher à forcément amener leurs propres équipes. Cette option va inspirer Paris 2024 et Milan-Cortina 2026. Les Français et les Italiens sont venus nombreux à Lausanne pendant les JOJ 2020. Ils ont vu que cette sous-traitance, avec des contrats bien gérés et contrôlés, fonctionnait et permettait de réaliser des économies importantes.
Et pour Tokyo 2020 ?
La problématique est différente. Lausanne 2020 s’est déroulé quelques mois seulement avant la période initialement prévue des Jeux de Tokyo. Tout était déjà en place. Depuis la décision du report, nous avons effectué un travail titanesque, entre le CIO, le comité d’organisation, les comités nationaux olympiques, les fédérations internationales, les partenaires et les diffuseurs. Nous avons identifié 200 propositions pour simplifier les Jeux de Tokyo et diminuer les coûts. Le processus est en cours, mais il sera très détaillé.
Les Jeux de Lausanne 2020 ont innové avec un plan transport où les athlètes utilisaient le réseau public pour se déplacer, y compris vers les sites de compétition. Est-il transposable pour les Jeux olympiques ?
Pour les athlètes, non. Le plan transport doit répondre à des exigences de sécurité. Il fonctionne désormais selon le principe du « bubble to bubble », les athlètes allant d’un site sécurisé, le village, à un site de compétition lui aussi sécurisé. Il n’est pas possible non plus de transposer le modèle public de Lausanne 2020 aux médias et aux officiels techniques, par exemple, deux catégories où l’impératif de temps est très important. Un photographe ou un juge ne peuvent pas se permettre d’attendre le prochain bus ou métro, au risque d’arriver après le début de l’épreuve. Mais il est parfaitement envisageable de transporter via le réseau public les équipes du CIO et des fédérations internationales, par exemple.
Les Jeux de la Jeunesse ont toujours servi de laboratoire pour les sports et les disciplines, dans la perspective d’une entrée dans le programme des Jeux. Quels sports ont-ils marqué des points aux JOJ de Lausanne 2020 ?
Très certainement les épreuves à mixité. Les JOJ ont renforcé notre conviction qu’elles étaient attractives. Pour le reste, le ski-alpinisme. Les Italiens de Milan-Cortina 2026 sont venus en masse assister à l’épreuve de sprint par équipes. A eux de voir s’ils souhaiteront rajouter cette discipline. Le programme des Jeux d’hiver en 2026 a déjà été formalisé par le CIO, mais les organisateurs ont toujours la possibilité de proposer une ou plusieurs épreuves. Attendons de voir si les Italiens vont le faire.