L’avenir du sport sera-t-il virtuel ? Le débat est ouvert. Mais une chose est sûre : la pandémie de coronavirus a contraint le mouvement sportif à abandonner pour un temps ses règles et ses usages, pour puiser sans retenue dans la boîte à outils numériques.
Dernier exemple : le FISE. Sorti de terre en 1997 à Montpellier, dans le sud-est de la France, puis devenu international en 2014 avec la création des FISE World Series, le Festival international des sports extrêmes a entièrement revu sa copie.
Initialement prévu au printemps dernier, puis repoussé au mois d’août, l’événement a finalement été annulé pour l’année 2020. Mais ses organisateurs, la société Hurricane Events, n’ont pas refermé le dossier. Ils ont inventé un nouveau concept, virtuel et connecté. Son nom : le E-FISE. Il débute ce jeudi 9 juillet. Il se poursuivra tout au long de l’été. Les explications de Joseph Villeflayoux, le directeur de la communication et du marketing du FISE.
Le concept. Il se révèle inédit, y compris dans l’univers des sports extrêmes. Le E-FISE se présente comme une vaste compétition en ligne, organisée à l’échelle planétaire, rassemblant 46 épreuves. Pour chacune d’elles, les athlètes sont invités à réaliser une vidéo de leur prestation d’une durée de 60 secondes, puis à la poster sur une plateforme numérique dédiée. La période de qualification s’étalera du 9 juillet au 30 août, avec deux sports différents par semaine. Un vote permettra de désigner les huit finalistes dans chacune des disciplines. Les internautes pourront participer au scrutin. Ils compteront pour la moitié de la note, l’autre moitié étant décidée par des juges officiels désignés par les différentes fédérations internationales. Les finales se dérouleront du 9 au 20 septembre. Les finalistes devront réaliser et poster une deuxième vidéo.
Les athlètes. Le FISE de Montpellier en attire 2 000, professionnels ou amateurs. La grande majorité d’entre eux devrait être au rendez-vous de la version numérique. En prime, le E-FISE espère attirer les spécialistes des sports extrêmes d’Amérique du Sud ou d’Inde, notamment, peu présents les années précédentes faute de pouvoir se payer le voyage dans le sud de la France. Un potentiel de nouveaux talents encore peu exploité par l’événement. Même équation pour les spectateurs. Ils sont environ 600.000 pour un FISE traditionnel. La version en ligne du festival peut engager nettement plus massivement une communauté estimée à 20 millions de personnes.
L’argent. L’annulation du FISE n’a pas découragé les partenaires. Environ 80 % des sponsors habituels, publics et privés, ont accepté de rejoindre l’aventure. Dans le même temps, l’annulation de l’épreuve « en dur » a permis aux organisateurs de réduire les dépenses. Résultat : un prize money en hausse de 20 %. Il se montait l’an passé à 120.000 dollars, il atteint cette année 150.000 dollars pour la version numérique. En prime, une campagne de financement participatif a été lancée pour inviter les fans à soutenir les athlètes.
Le mouvement sportif. Quatre fédérations internationales des sports olympiques, actuels ou à venir, sont directement concernées par le FISE : l’UCI pour le BMX, la Fédération internationale de gymnastique (FIG) pour le parkour, World Skate pour le roller et le skateboard, World Dance pour le breaking. Elles ont toutes les quatre rejoint le mouvement. L’UCI, la FIG, World Skate et World Dance sont partenaires du E-FISE, en fournissant notamment les juges des compétitions et en relayant la communication de l’événement.
L’avenir. A court terme, il pourrait être asiatique. Deux étapes des FISE World Series étaient prévues cette année, au Japon (Hiroshima), et en Chine (Chengdu). Elles seront sans doute très prochainement annulées. Mais les organisateurs japonais et chinois se disent eux aussi tentés par une version numérique de leur événement. En cas de réussite, un E-FISE pourrait être maintenu l’an prochain, en complément du FISE traditionnel de Montpellier. Le virtuel et le réel. Le monde d’avant et celui d’après.