Le compte-à-rebours est précis : 375 jours séparent encore Tokyo et le Japon de l’ouverture des Jeux olympiques. Sans la pandémie de COVID-19, la capitale japonaise en serait ce lundi 13 juillet à seulement J – 11 avant les trois coups. Le village des athlètes serait habité. La ville se laisserait peu à peu gagner par l’ambiance olympique.
A une année et moins de deux semaines de l’échéance, les signaux restent désespérément bloqués dans le rouge à Tokyo. La pandémie gagne du terrain. Jeudi dernier, la ville a enregistré 224 nouveaux cas en seulement 24 heures.
Surtout, la communauté scientifique japonaise observe désormais les Jeux de Tokyo avec des regards inquiets. Les experts médicaux ne s’en cachent pas : l’événement olympique et paralympique s’annonce comme un danger réel non seulement pour les athlètes et le public, mais aussi pour la population toute entière.
L’agence Reuters a interrogé une douzaine de spécialistes des maladies infectieuses au Japon. Ils sont unanimes : les Jeux olympiques vont constituer un terrain privilégié pour la propagation de l’épidémie.
Pour Daiichi Morii, un médecin de l’hôpital universitaire d’Osaka, « l’infection va s’aggraver si les Jeux olympiques sont maintenus. » Le scientifique insiste : « Un tel événement va inévitablement accroître le nombre de personnes infestées. »
Pour Katsunori Yanagihara, un professeur à l’école de médecine tropicale et de santé mondiale de l’université de Nagasaki, la population japonaise n’est pas encore assez immunisée contre le COVID-19 pour courir le risque de voir débarquer dans une année des athlètes, officiels et médias venus de plus de 200 pays dans le monde. « Très peu de gens ont été infectés au Japon, explique-t-il. Du coup, presque tout le monde est susceptible d’attraper le virus. »
Selon une enquête récente, seulement 0,1 % des habitants de Tokyo auraient développé des anticorps et seraient immunisés contre le COVID-19.
Un vaccin ? Les experts japonais n’y croient pas. « Même si un vaccin a été mis au point d’ici là, il semble pratiquement impossible qu’il pourra être utilisé dans le monde entier », prédit Atsuo Hamada, un professeur de l’hôpital de l’université médicale de Tokyo, interrogé par Reuters.
Le Japon recense actuellement environ 20.000 cas de COVID-19, pour 982 décès. A l’échelle mondiale, les chiffres restent faibles, surtout pour un pays de 126 millions d’habitants. Mais les autorités peinent à endiguer la pandémie. A Tokyo, notamment, le nombre de nouveaux cas ne descend plus sous la barre des 200 depuis le milieu de la semaine passée.
Selon la NHK, une task force sera formée au mois de septembre par le comité d’organisation des Jeux pour étudier toutes les mesures sanitaires susceptibles de sécuriser l’événement en juillet et août 2021. Elle comptera des experts des gouvernements de Tokyo et du Japon. Yoshiro Mori, le président du comité d’organisation, en a fait la promesse en début de semaine passée à Yuriko Koike, la gouverneure de Tokyo, réélue dimanche 5 juillet pour un deuxième mandat.
Dans le même temps, deux autres groupes de travail, formés respectivement par le CIO et par Tokyo 2020, planchent sur la réduction des coûts et la simplification des Jeux.
Réduire les coûts et simplifier l’événement, tout en limitant au maximum les risques sanitaires… Pas forcément compatible.