Le monde du sport n’est pas partout à l’arrêt, les bras croisés, dans l’attente d’un feu vert des autorités pour reprendre les compétitions internationales. A Abu Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, la compétition a repris dès ce mois de juillet. A l’écart. Dans une bulle.
Le décor ? L’île de Yas, une terre artificielle de 25 km2, connue notamment pour accueillir tous les ans le Grand Prix de Formule 1 d’Abu Dhabi. La compétition ? Une série de quatre réunions de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la version professionnelle du MMA, présentées entre le 11 et le 25 juillet.
Anecdotique ? Sûrement pas. En prenant tout le monde de vitesse, les Emirats arabes unis se posent en solution de repli dans le monde d’après. Saeed Al Saeed, le directeur marketing du Département de la Culture et du Tourisme d’Abu Dhabi, l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux : Comment Abu Dhabi peut-il organiser un tel événement dès ce mois de juillet, alors que les autres pays restent fermés aux compétitions sportives internationales ?
Saeed Al Saeed : Nous avons créé sur l’île de Yas une « bulle » de sécurité autour de l’événement, afin de protéger toutes les personnes impliquées. Cela nous a permis de sécuriser les logements, les zones d’entraînement et de restauration, les espaces de loisirs et le site sportif. Et cela, pendant toute la durée de l’événement, mais sans interférer avec les mouvements du public. Toutes les personnes impliquées sont systématiquement testées. L’ensemble du personnel, des athlètes et des autres membres de l’organisation respectent les mesures de distanciation sociale prescrites par l’OMS. Ces mesures exigent l’engagement des autorités locales, y compris les autorités sanitaires et aéroportuaires, les forces de l’ordre… Sur l’île de Yas, nous disposons d’installations de classe mondiale.
- Dans quelles conditions sanitaires se déroule actuellement l’Ultimate Fighting Championship ?
Tout se passe dans une « bulle » fermée, où sont situés les hôtels, restaurants, gymnases, plages, installations de divertissement et le lieu officiel de l’événement. Seules les personnes travaillant sur le projet – personnel local, représentants de l’UFC, combattants et entraîneurs – sont autorisées à pénétrer dans la zone de sécurité. Le personnel basé aux Émirats arabes unis a été mis en quarantaine dans les hôtels de la zone de sécurité pendant 14 jours avant l’événement, une période pendant laquelle les gens ont été testés trois fois avec un résultat négatif. Les délégués de l’UFC venus de l’étranger ont également dû subir trois tests négatifs : un premier avant leur départ pour Abu Dhabi, un autre à l’arrivée, et enfin un troisième après un isolement de 48 heures dans leur chambre d’hôtel. Environ 2.500 personnes sont actuellement présentes dans la « bulle ». Elles sont testées pour le COVID-19 toutes les 72 heures. Nous avons déjà effectué plus de 10.000 tests sur l’île. Les 2.500 personnes sont également tenues de maintenir une distance sociale et de porter des gants et des masques lorsqu’elles se déplacent dans la zone de sécurité. Toutes les installations sont assainies et nettoyées régulièrement. Nous avons aussi installé des tunnels d’assainissement par brouillard à l’entrée du lieu des combats. Enfin, l’octogone de l’UFC est désinfecté après chaque combat, et subit une désinfection complète chaque nuit.
- Au-delà de ce premier événement, Abu Dhabi veut-il profiter de sa situation sanitaire pour renforcer sa place sur l’échiquier sportif international ? Envisagez-vous de déposer une candidature à l’organisation de grands événements continentaux ou mondiaux ?
Nous considérons l’UFC Fight Island comme l’expression de notre volonté d’accueillir à nouveau des événements. Il constitue un premier pas vers la réouverture progressive de notre destination, mais aussi une expérience de ce que l’accueil d’événements pourrait exiger dans un monde post-COVID-19. Le gouvernement des Émirats arabes unis a fait un excellent travail pour contrôler la propagation de la pandémie, allant même au-delà pour mettre en œuvre des mesures de sécurité et utiliser les dernières technologies pour protéger la santé et la sécurité des résidents. Lorsque l’UFC nous a contactés pour la première fois, ils savaient qu’Abu Dhabi était l’une des rares destinations qui serait en mesure d’accueillir cet événement dans un environnement sûr et sécurisé au milieu de la pandémie. L’île de Yas est aujourd’hui l’une des premières bulles sportives au monde. Plusieurs entités sportives et de divertissement nous ont déjà sollicités pour accueillir des événements similaires à l’avenir. Nous examinons actuellement ces différentes propositions.
- Le sport constitue-t-il aujourd’hui une priorité pour les Emirats Arabes Unis ?
Le sport nous permet d’exploiter de nouveaux marchés, mieux faire connaître la destination et montrer notre savoir-faire. Au cours des années précédentes, les événements sportifs du calibre de l’UFC et de la Formule 1 ont attiré des fans du monde entier, contribuant directement aux recettes touristiques de la capitale des Émirats arabes unis. Le Grand Prix de Formule 1 Etihad d’Abu Dhabi, par exemple, dénombre chaque année plus de 80.000 visiteurs. Abu Dhabi est partenaire de la F1 depuis 2009, et nous prévoyons de poursuivre ce partenariat à l’avenir. Le Conseil des sports d’Abu Dhabi a par ailleurs développé des partenariats avec des entités telles que la FIFA, l’AFC (Association asiatique de football), l’UCI, l’European Tour de golf, ou encore la T10 Cricket League.