Bonne ou mauvaise nouvelle pour le CIO ? Allez savoir. Sept ans après sa dernière tentative, le Qatar a décidé de se lancer une nouvelle fois dans l’aventure d’une candidature aux Jeux olympiques. Elle a été officialisée lundi 27 juillet par un communiqué du comité national olympique qatari. Elle concerne l’édition 2032 en priorité, mais sans exclure les suivantes.
Doha, la capitale du Qatar, entre donc à son tour dans la phase dite de dialogue avec la commission de future ville hôte du CIO. Elle rejoint Brisbane et le Queensland, en Australie, l’Inde, l’Indonésie et les deux Corée. La région allemande de la Rhénanie du Nord-Westphalie devrait elle aussi se mêler à la course.
« L’annonce d’aujourd’hui marque le début d’un dialogue significatif avec la future commission d’accueil du CIO, afin d’explorer plus avant notre intérêt et d’identifier comment les Jeux olympiques peuvent soutenir les objectifs de développement à long terme du Qatar », a expliqué le président du comité olympique du Qatar (COQ), Cheikh Joaan bin Hamad bin Khalifa Al-Thani, dans un communiqué.
Le dirigeant qatari insiste : « Depuis de nombreuses années, le sport a contribué de manière importante au développement de notre nation. De l’athlétisme au cyclisme, de la gymnastique au football, du tennis au volley-ball, le Qatar a acquis la réputation d’une destination de classe mondiale pour les grands événements sportifs. Ce sont ces résultats et cette riche expérience, ainsi que notre volonté d’utiliser le sport pour promouvoir la paix et les échanges culturels, qui constitueront la base de nos discussions avec la commission. »
Le Qatar n’en est pas à sa première tentative pour tenter d’accueillir les Jeux dans le Golfe persique. Le micro-état du Moyen-Orient avait tenté sa chance pour les Jeux de 2016, puis une nouvelle fois quatre ans plus tard pour ceux de 2020. Dans les deux cas, son dossier avait été rejeté avant la phase terminale de la campagne de candidature. Officiellement, il lui était reproché une proposition de dates, le mois d’octobre, incompatible avec les attentes du CIO.
Cette fois, la donne change. Le Qatar, comme ses concurrents, n’aura pas à mener une campagne à l’ancienne, avec un début et une fin, un premier dossier, puis un autre, une suite de présentations et un film officiel.
A la place, Doha sera impliquée dans la phase de « dialogue continu » avec le CIO, un processus censé réduire les coûts et éviter de se retrouver en bout de campagne avec un lot de déçus. La commission exécutive peut désormais choisir le candidat idéal, puis le soumettre à la session, sans avoir à fixer à l’avance une date et un calendrier précis.
Dans un tel contexte, le Qatar possède-t-il une chance de l’emporter ? Thomas Bach se garde bien de décourager la volonté des dirigeants qataris. Le président du CIO a expliqué en fin de semaine passée à la chaîne BeIN : « Nous sommes heureux, au CIO, de l’énorme intérêt porté aux Jeux olympiques d’été de 2032, douze ans avant le début de ces Jeux. Nous avons lancé un dialogue entre les comités olympiques nationaux intéressés et une commission spéciale au sein du CIO. Naturellement, nous invitons le Qatar à se joindre à ce dialogue. »
Le contraire aurait été malvenu. Il n’empêche, les zones d’ombre des candidatures passées du Qatar n’ont pas disparu. Le climat, en priorité, avec des températures impossibles entre avril et octobre. La question des droits de l’homme, régulièrement pointée du doigt par les organisations internationales, notamment sur les chantiers de construction des stades du Mondial 2022. Le faible potentiel de spectateurs, mis en lumière aux Mondiaux d’athlétisme en 2019. Enfin, les soupçons de corruption lors de l’attribution par la FIFA du Mondial de football 2022, toujours d’actualité dix ans après les faits.
Pour toutes ces raisons, le Qatar se lance dans la course avec plusieurs longueurs de retard. Certes, Doha ne manque pas d’atouts, à commencer par la qualité de ses infrastructures sportives, sa stabilité économique et son expérience dans l’organisation d’événements majeurs. Mais sur le papier, il est difficile d’imaginer le CIO préférer son dossier à celui proposé par Brisbane, notamment, longtemps annoncé en tête de la course.
Mais tout peut arriver dans le monde d’après. La crise sanitaire a déjà semé le désordre dans le mouvement olympique. Elle n’a sans doute pas fini de brouiller les cartes. Malgré ses faiblesses, la proposition du Qatar pourrait en profiter et surprendre tout le monde.