L’information a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Pas seulement dans le monde du tennis professionnel. L’Australienne Ashleigh Barty, la numéro 1 mondiale, a annoncé ce jeudi 30 juillet sa décision de renoncer aux Internationaux de tennis des Etats-Unis. L’étape américaine du Grand chelem doit normalement se dérouler du 31 août au 13 septembre sur les courts de Flushing Meadows à New York.
La raison ? Le coronavirus. La joueuse australienne l’a expliqué sans chercher à maquiller sa décision derrière une justification sportive : « Mon équipe et moi avons décidé que nous ne voyagerons pas cette année pour l’Open Western & Southern (le Masters de Cincinnati, prévu du 15 au 23 août, ndlr), ni pour les Internationaux des États-Unis. J’adore ces deux tournois, cette décision a donc été difficile à prendre, mais les risques liés au coronavirus sont réels. Je ne me sens pas confortable à l’idée de placer mon équipe et moi-même dans cette situation. »
Ashleigh Barty, victorieuse l’an passé à Roland-Garros, est la première tête de série du prochain US Open à renoncer au tournoi américain. Elle est aussi la première à expliquer clairement tirer un trait sur une compétition majeure pour des raisons sanitaires.
L’Australienne ne s’en cache pas : elle ne sent pas rassurée à l’idée de voyager, particulièrement vers un pays, les Etats-Unis, où le nombre de victimes du COVID-19 vient de dépasser la barre des 150 000.
En renonçant à l’US Open, Ashleigh Barty s’épargne également une succession de tracasseries peu compatibles avec la haute performance. Pour quitter l’Australie et se rendre aux Etats-Unis, il lui aurait fallu d’abord obtenir une autorisation spéciale du gouvernement australien pour voyager à l’étranger, puis trouver une place dans les rares avions quittant le pays.
A son retour en Australie, au terme du tournoi new-yorkais, elle aurait dû se soumettre à une quarantaine obligatoire de quatorze jours.
Dans la foulée de son forfait pour les deux épreuves américaines, Ashleigh Barty a confié qu’elle n’était pas certaine de faire le voyage vers Paris pour le tournoi de Roland-Garros, dont elle détient le trophée du simple dames. L’étape française du Grand chelem doit débuter le 27 septembre.
Ashleigh Barty fera-t-elle des émules ? A court terme, certainement. Pour les sportifs professionnels, la reprise des compétitions charrie un lot de contraintes peu attendues au moment du confinement. Elle s’accompagne aujourd’hui risques pour leur santé, en même temps qu’elle leur impose un pensum logistique, administratif et sanitaire.
Dans une telle perspective, les Jeux de Tokyo constituent un sommet du genre. L’événement ultime, à tous les points de vue, y compris les pires : présence de délégations venues de 206 pays, conditions de séjour au village où le respect de la distanciation sociale s’annonce comme une gageure, transports en groupes vers les sites d’entraînement et de compétitions…
Yuriko Koike le sait. La gouverneure de Tokyo l’a reconnu mercredi 29 juillet lors d’une interview à l’agence Kyodo News : « Contenir la seconde vague du coronavirus dans la capitale japonaise est une condition préalable à la tenue des Jeux en 2021. Nous devons tenir compte de la situation dans chaque pays, mais il nous faudra surtout prendre toutes les mesures dans notre propre ville. »
Un double défi à relever dans les mois à venir. Dans le cas contraire, les athlètes pourraient être nombreux à décider, comme Ashleigh Barty, de renoncer à monter dans un avion.