Les athlètes biélorusses auront-ils la peau d’Alexandre Loukachenko ? Peu probable. Mais la communauté sportive du pays ne craint pas de s’engager sur le terrain politique, pour se joindre à la vague de protestation qui secoue la capitale, Minsk, depuis la réélection du président biélorusse dimanche 9 août.
Plus de 100 personnalités sportives du pays, dont quelques médaillés olympiques, ont cosigné une lettre ouverte demandant l’invalidation des résultats de l’élection présidentielle. Elles réclament le départ d’Alexandre Loukachenko. Surtout, elles menacent de ne plus porter le maillot national tant que le chef de l’état continuera à gouverner le pays.
« Nous condamnons catégoriquement les nombreux faits de falsification des résultats de l’élection du président de la République de Biélorussie, ainsi que la violence flagrante des forces de l’ordre contre les citoyens qui protestent de manière pacifique », écrivent les signataires de la lettre ouverte.
Ils insistent : « Tous les athlètes agiront en solidarité, jusqu’à un éventuel refus de jouer pour l’équipe nationale ou d’organiser des compétitions sportives internationales et nationales. »
Le message est clair : le mouvement sportif biélorusse pourrait se mettre à l’arrêt aussi longtemps que le président en place restera au pouvoir. Précision : Alexandre Loukachenko, à la tête du pays depuis 26 ans, préside également le comité national olympique de Biélorussie depuis 1997.
Fait peu fréquent : un joueur professionnel de football a montré l’exemple. Ilya Shkurin, l’avant-centre de l’équipe nationale, meilleur buteur de la dernière saison du championnat de Biélorussie mais aujourd’hui au CSKA Moscou, a posté sur son compte Instagram qu’il renoncerait à la sélection aussi longtemps que son pays sera gouverné par Alexandre Loukachenko.
Parmi les signataires de la lettre ouverte publiée mardi 18 août figurent la rameuse Alexandra Pankina, médaillée de bronze aux Jeux d’Atlanta en 1996, et la nageuse Aleksandra Gerasimenya, double médaillée olympique, en argent aux Jeux de Londres 2012, en bronze quatre ans plus tard à Rio de Janeiro.
Le document a également été signé par plusieurs dirigeants sportifs biélorusses.
La suite s’annonce plus diplomatique. Les signataires de l’appel à la démission du chef de l’Etat expliquent vouloir saisir les instances sportives internationales. En tête de liste, le CIO, mais également les fédérations internationales.
La lettre ouverte de la communauté sportive biélorusse ne demande pas seulement la démission du chef de l’état. Elle réclame de nouvelles élections, organisées « conformément aux normes internationales », la libération des manifestants arrêtés par les forces de l’ordre et détenus depuis le début du soulèvement, mais aussi la démission des chefs des services de sécurité responsables des passages à tabac et des brutalités infligées aux protestataires.
En début de semaine, le gouvernement letton a très officiellement demandé à la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) de retirer à la Biélorussie la co-organisation du Mondial masculin en 2021. Il doit se dérouler au printemps prochain à Riga et Minsk.
Prudente, l’instance internationale se refuse pour l’instant à trancher, expliquant vouloir étudier la question à l’occasion de la prochaine réunion de son conseil, le 12 septembre.