Gianni Infantino peut sourire. Et même se laisser aller intérieurement à un immense éclat de rire. La justice suisse peut bien lui chercher des poux dans la tête, l’Italo-Suisse se sait protégé par sa propre institution, la FIFA, comme une forteresse par un mur imprenable.
La commission d’éthique de la Fédération internationale de football a tout simplement décidé, mercredi 19 août, de classer l’affaire visant son président. Elle n’est pourtant pas anodine. Gianni Infantino, placé à la tête du football mondial depuis plus de quatre ans, est visé depuis le 30 juillet par une procédure pénale en Suisse. Il lui est notamment reproché plusieurs rencontres « non documentées » avec le procureur général suisse, Michael Lauber, et le premier procureur du Haut-Valais, Rinaldo Arnold.
Michael Lauber a démissionné de ses fonctions à la fin du mois de juillet. Il doit officiellement quitter son bureau le 31 août, pour ne plus jamais y revenir. Gianni Infantino, lui, peut continuer à président la FIFA sans la moindre entrave à ses prérogatives présidentielles.
Certes, la commission d’éthique de la FIFA a bien ouvert une enquête sur les soupçons de corruption à l’origine de la procédure pénale ouverte contre son président. Mais elle l’a déjà refermée. Elle est classée sans suite.
« Après avoir examiné la documentation et les preuves pertinentes, la présidente de la chambre d’instruction (la Colombienne Maria Claudia Rojas, ndlr) a décidé de clore le dossier relatif à la plainte et de classer l’affaire en raison de l’absence évidente de preuves prima facie concernant toute violation présumée du Code d’éthique de la FIFA », a précisé la FIFA dans un communiqué.
A en croire les conclusions de la commission d’enquête, « aucun aspect des comportements analysés ne constitue une violation de la réglementation de la FIFA – certains d’entre eux ne sont même pas couverts par une quelconque disposition du Code d’éthique de la FIFA et ne justifieraient aucunement l’adoption de quelque mesure que ce soit, y compris une suspension provisoire. »
La conclusion est d’une clarté absolue : Gianni Infantino a beau être soupçonné par la justice suisse d’avoir profité de ses relations pour rencontrer en secret un procureur, et ainsi se renseigner sur l’enquête en cours contre Sepp Blatter, il n’aurait en réalité bafoué aucune règle. Très fort. Pour rappel, Michael Lauber était le patron du parquet suisse, à l’époque des faits, en charge des procédures pénales en lien avec la FIFA.
Gianni Infantino est toujours sous le coup d’une procédure pénale. Mais il en a déjà terminé avec la justice interne de la FIFA. Une première étape rapidement expédiée. La même justice interne s’était montrée nettement plus zélée en 2015 pour traiter des cas Sepp Blatter et Michel Platini, eux aussi observés de très près par la justice suisse. Elle avait suspendu les deux hommes pour huit ans, des peines réduites plus tard à respectivement à six et quatre ans.
En refermant aussi rapidement le dossier Gianni Infantino, la commission d’éthique de la FIFA a retiré une épine du pied du CIO. Elle évite à l’instance olympique d’avoir à traiter à son tour le cas du président du football mondial, devenu l’un de ses membres en janvier dernier à la session de Lausanne. Gianni Infantino peut doublement garder le sourire.