La crise de confiance s’enlise au Japon. A moins d’une année de l’événement, les Jeux de Tokyo n’ont plus la cote. Tous les sondages le confirment : les Japonais n’en veulent plus. Ils s’en passeraient désormais très bien.
Pour preuve les résultats sans nuance de la dernière enquête d’opinion menée dans l’archipel sur la question des Jeux de Tokyo 2020. A la différence des précédentes, elle n’a pas sondé le grand public, mais le monde économique. Une autre approche du sujet, a priori moins volatile, mais avec un même résultat.
L’institut Tokyo Shoko Research a effectué son sondage en ligne, entre le 28 juillet et le 11 août, soit à quelques jours près pendant la période où auraient dû se dérouler cette année les Jeux de Tokyo. Il a interrogé 12.857 entreprises japonaises.
Verdict : plus de la moitié des sociétés ayant répondu aux questions se déclarent opposées à la tenue en juillet et août 2021 de l’événement olympique. Au total, le non l’emporte avec 53,6 % des voix. Pas vraiment un raz-de-marée, mais une victoire sans contestation.
Dans le détail, 27,8 % des entreprises japonaises interrogées ont répondu vouloir une annulation pure et simple des Jeux de Tokyo. Dans le même camp, mais avec une position moins tranchée, elles sont 25,8 % à suggérer de reporter une nouvelle fois l’événement.
En face, les partisans des Jeux font encore le nombre, mais ils sont minoritaires. Le oui a recueilli 46,2 % des réponses dans l’enquête. Mais il s’agit d’un oui avec conditions. Seulement 22,5 % des entreprises japonaises déclarent souhaiter que les Jeux se déroulent comme prévu, dans leur format d’origine, entre le 23 juillet et le 8 août 2021. Elles sont 18,4 % à préférer une version réduite, avec un nombre de spectateurs revu à la baisse. Enfin, 5,3 % estiment qu’il serait préférable d’organiser l’événement à huis clos, une option aujourd’hui écartée par le CIO et le comité d’organisation.
Sondage après sondage, la tendance se confirme : la crise sanitaire a brisé le rêve des Japonais. Avant le début de la pandémie, les organisateurs pouvaient compter sur un soutien et un enthousiasme massifs de la population, illustrés par les résultats spectaculaires de la campagne de recrutement des volontaires, puis de la vente des billets.
Aujourd’hui, les Japonais tournent le dos aux anneaux. Pire : le monde économique se déclare en majorité hostile à la tenue des Jeux. Depuis l’attribution à Tokyo des Jeux d’été en 2020, les entreprises ont pourtant joué à fond la carte olympique. Le programme de marketing national a battu tous les records du genre, avec plus de 3 milliards de dollars de recettes et près de 70 entreprises engagées à un niveau ou un autre.
Mais la crise, sanitaire et économique, est en train d’inverser la tendance. Lundi 3 août, le Japon a enregistré un pic à 1.998 cas de COVID-19 en seulement 24 heures. Cette semaine, le gouvernement a indiqué que les exportations avaient chuté de 19,2 % en juillet par rapport à l’année précédente. Face à un tel tableau, les Japonais sont de moins en moins nombreux à voir les Jeux de Tokyo comme une lueur d’espoir et un outil de relance.