Les appels ont été ignorés. Malgré la mobilisation internationale, le jeune lutteur iranien Navid Afkari a été exécuté samedi 12 septembre dans la prison de Chiraz, au sud du pays. Le régime iranien l’avait condamné à mort pour le meurtre d’un fonctionnaire du service des eaux, en août 2018, pendant les manifestations organisées dans tout le pays pour dénoncer la situation économique et sociale.
Selon Der Spiegel, Navid Afkari a été enterré dimanche soir sous haute sécurité, dans un village de la province du Fars, au sud de l’Iran. Sa famille n’a pas été autorisée à assister aux funérailles. Le jeune lutteur de 27 ans ne sera jamais un olympien.
A l’annonce de son exécution, le CIO a publié un communiqué, où il évoque une « très triste nouvelle. » L’instance olympique se dit « choquée par cette annonce ». Elle explique : « Le président Thomas Bach avait adressé par lettre cette semaine plusieurs appels personnels directs au guide suprême et au président iranien afin de demander la grâce de Navid Afkari, tout en respectant la souveraineté de la République islamique d’Iran. Il est profondément regrettable que les appels des athlètes du monde entier et tout le travail mené en coulisses par le CIO avec le comité national olympique d’Iran, la Fédération mondiale de lutte (UWW) et la Fédération iranienne de lutte n’aient pas atteint notre objectif. »
Même son de cloche à la Fédération internationale de lutte. « La nouvelle est dévastatrice et le monde de la lutte pleure sa mort, a commenté dans un communiqué l’instance présidée par le Serbe Nenad Lalovic. Nos pensées vont à la famille et aux amis de Navid Afkari. »
Le CIO a-t-il attendu trop longtemps pour faire pression sur les autorités iraniennes ? Ses démarches et celles de la Fédération internationale de lutte ont-elles manqué de fermeté ? Beaucoup le croient dans le mouvement olympique. Ils demandent aujourd’hui aux deux organisations de prendre des sanctions.
En tête de cortège, Global Athlete. Le syndicat international, créé notamment par le pistard britannique Callum Skinner et le Canadien Rob Koehler, ex directeur général adjoint de l’AMA, appelle le CIO et l’UWW à sanctionner sans attendre le régime iranien.
« Le gouvernement iranien a pris la vie d’un humain innocent, d’un athlète et d’un lutteur, a réagi Global Athlete dans un communiqué. Nos pensées vont aux deux frères de Navid qui sont toujours incarcérés dans des conditions inhumaines. Nous appelons la solidarité des athlètes à exiger que le Comité international olympique et la Fédération mondiale de lutte mettent immédiatement en œuvre des sanctions qui expulsent l’Iran du sport international pour cette exécution odieuse. Les actions du gouvernement iranien constituent une violation évidente des droits de l’homme. Elles ne peuvent pas rester impunies. Pour avoir exécuté un athlète, ce gouvernement ne mérite plus le privilège de participer aux compétitions sportives internationales. »
Dans un passé récent, le CIO n’a pas hésité à exclure un pays des Jeux olympiques. Il l’a fait avec la Russie, aux Jeux d’hiver de PyeongChang 2018, pour des faits de dopage. Il l’avait fait deux années plus tôt avec le Koweït, aux Jeux de Rio, à la suite d’une ingérence du régime politique dans les affaires du comité national olympique. Dans les deux cas, les athlètes présents ont défilé sous le drapeau olympique et participé aux épreuves en qualité de compétiteurs neutres.
Un comité exécutif de la Fédération internationale de lutte doit se réunir en ligne ce lundi 14 septembre. Il est censé annoncer une décision sur l’avenir à court terme de la lutte iranienne. Une prise de position du CIO est également attendue.