Beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Au Japon, le surcoût du report des Jeux de Tokyo 2020 n’est toujours pas connu. Mais les mesures envisagées par les organisateurs pour « simplifier » l’événement et en réduire la facture le seront bientôt. Elles vont en décevoir beaucoup.
Selon deux sources proches du dossier, citées par le Mainichi Shimbun, les efforts déployés depuis des mois à Tokyo et Lausanne pour tailler dans le gras auraient un résultat très limité, voire insignifiant. Au total, ils permettraient de réduire la note finale de seulement 1 ou 2 % du budget. Trois fois rien.
Au dernier pointage, le budget des Jeux de Tokyo s’élève à 1,35 trillion de yens, soit environ 12,9 milliards de dollars, selon les chiffres officiels. Une étude de l’université d’Oxford, en Grande-Bretagne, estime le coût de l’événement à 15,84 milliards de dollars. Ces deux chiffres ne tiennent pas compte des dépenses supplémentaires occasionnées par le report d’une année.
Au printemps dernier, un groupe de travail a été formé à Tokyo pour plancher sur une simplification des prochains Jeux. Il a rapidement listé environ 200 mesures destinées à réduire les coûts. Leur nombre serait aujourd’hui plus proche d’une soixantaine.
L’une des sources citées par le Mainichi Shimbun explique : « Nous n’avons pas encore de chiffres précis, mais il s’avère que les secteurs où réduire réellement les dépenses sont très peu nombreux. Le montant des réductions va se situer autour de 1 ou 2 % du coût total des Jeux. »
Même son de cloche chez une autre source anonyme interrogée par le quotidien japonais : « Nous n’arriverons sans doute pas à atteindre 20 milliards de yens d’économie. Au final, nous serons plus proches de 13,5 milliards de yens, soit 1 % du budget total. Mais si nous parvenions à ce stade de la préparation à diminuer la note finale de 10 %, il est probable que nos résultats seraient questionnés. »
Décevant ? Un peu. Mais la marge de manœuvre des organisateurs s’avère très limitée. Impossible, en effet, de gagner le moindre yen sur les travaux de construction des sites. Ils étaient tous terminés au moment de la décision du report des Jeux de Tokyo.
Difficile, également, de réduire les dépenses sur l’accueil des délégations et les compétitions, le nombre d’athlètes et de disciplines restant inchangé.
Au début de sa révision du projet, le comité d’organisation avait laissé entendre que les cérémonies d’ouverture et de clôture pourraient être revues à la baisse. Mais le Mainichi Shimbun croit savoir que le CIO aurait toussé très fort à la perspective d’une version au rabais de deux des événements les plus suivis des Jeux. L’instance olympique subirait la pression des diffuseurs, plus que réticents à l’idée de proposer au public, et surtout aux annonceurs, une cérémonie d’ouverture low cost.
Il avait également été envisagé par les organisateurs japonais de tailler dans les dépenses du parcours de la flamme olympique. Mais, là aussi, le projet semble être tombé à l’eau, pour des raisons plus politiques. Difficile, en effet, d’expliquer aux autorités locales que le relais prévu pendant 121 jours, et censé traverser les 87 préfectures de l’archipel, ignorera une partie du pays.
Quant au déplacement à Sapporo des marathons et des épreuves de marche, imposé par le CIO pour des raisons climatiques, il n’a semble-t-il jamais été remis en question. Ramener toutes ces courses à Tokyo aurait pourtant un impact réel sur la facture finale.
Une réunion de la commission de coordination des Jeux de Tokyo 2020 est prévue cette semaine. Elle doit se dérouler par visioconférence les 24 et 25 septembre. A l’ordre du jour, le plan de simplification des Jeux.
Elle sera suivie, au début du mois d’octobre, d’une nouvelle réunion de la commission exécutive du CIO. Dans les deux cas, les Japonais proposeront leurs idées pour réduire la note finale. Ils parleront chiffres.
La nouvelle version du budget des Jeux de Tokyo, la cinquième du genre, sera présentée en fin d’année 2020. Elle s’annonce astronomique, avec une longue colonne de dépenses supplémentaires liées au report d’une année. Et, en face, une liste d’économies possibles tristement réduite.