Bonne nouvelle : la paix par le sport entre à fond dans l’univers digital. Plus de deux ans après les Jeux d’hiver de PyeongChang, où la cérémonie d’ouverture a été marquée par un défilé commun des deux Corée, elle possède désormais son application. Elle a été développée par Peace and Sport, l’organisation basée à Monaco, en collaboration avec la start-up française MyCoach. Son nom : Peace and Sport x MyCoach.
En pleine crise sanitaire, l’application se veut une solution numérique pour développer les outils de la paix par le sport, malgré les restrictions de voyages et de déplacements. Joël Bouzou, le président de Peace and Sport, en a expliqué à FrancsJeux la démarche et ses perspectives.
FrancsJeux : Pourquoi avoir développé une application digitale pour la paix par le sport ?
Joël Bouzou : L’application créée avec MyCoach est le résultat de 10 ans de travail. Depuis une décennie, nous développons à Peace and Sport une méthodologie et des outils pour partager les valeurs sociales et pacifiques du sport dans les zones de conflit, les quartiers difficiles et les camps de réfugiés. Nous avions un manuel des bonnes pratiques, qu’il était possible de télécharger, copier ou imprimer. Mais son accès restait limité. Avec cette application, nous pouvons désormais partager notre méthodologie partout dans le monde, jusque dans les endroits les plus reculés.
Comment une application numérique peut-elle contribuer à développer le concept de la paix par le sport ?
Les valeurs d’inclusion, de solidarité et de partage véhiculées par le sport sont aujourd’hui de plus en plus reconnues. Encore faut-il les appliquer sur le terrain, dans les communautés, notamment auprès de la jeunesse. Cette application propose aux enseignants et aux éducateurs toute une série d’exercices pour mettre en pratique ces valeurs, à travers trois cycles : travailler sur soi, s’accepter, vivre ensemble. Par exemple, un exercice consiste à disputer un match de football avec des équipes mixtes, où un but est valable seulement si l’action a impliqué un nombre minimum de passes à des joueuses féminines. Nous avons débuté avec le football, le sport le plus universel, mais nous allons étendre notre offre avec le basket-ball, le rugby et un sport de combat.
A qui s’adresse cette application ?
En priorité aux enseignants et aux éducateurs, sur le terrain, dans les zones de conflit ou de tension. Mais elle s’adresse également aux pouvoirs publics, aux gouvernements. Avec cette application, nous allons pouvoir mesurer pour la première fois les résultats concrets de l’utilisation du sport pour rapprocher les individus et les communautés. Nous allons pouvoir montrer, aux autorités, avec des résultats tangibles que le sport peut faire tomber les barrières sociales, politiques, raciales ou religieuses.
Quel effet la crise sanitaire a-t-elle sur votre action et vos programmes ?
Elle a accéléré notre démarche. La crise sanitaire a pour effet d’isoler les communautés. Les frontières se ferment, les pays se murent. Dans un tel contexte, il est difficile de poursuivre normalement nos actions de terrain, notamment en termes de formation. Mais l’application permet d’offrir des outils simples sans avoir à se déplacer. Nous intégrons à la plateforme numérique des cycles de formation en e-learning. Nous avons déjà digitalisé la formation de niveau 1, « Educateurs de la Paix », afin de former ces éducateurs aux bases de notre méthodologie.