Le report d’une année des Jeux de Tokyo n’y change rien : l’AIBA ne verra pas le prochain tournoi olympique de boxe. L’instance internationale est suspendue depuis l’an passé par le CIO. Mais la liste de ses ennuis ne se réduit pas à cette seule mise à l’écart. Ses comptes sont dans le rouge, son image très écornée et sa gouvernance plus que bancale.
Présidée de façon intérimaire par le Marocain Mohamed Moustahsane, l’AIBA procédera en décembre prochain à l’élection de son président. Le scrutin se déroulera en ligne, à l’occasion d’un congrès organisé en mode virtuel.
Premier candidat déclaré, l’Azéri Suleyman Mikayilov (photo ci-dessous) devra faire face à une concurrence dont les contours restent flous. Il a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Quelle est la principale raison qui vous pousse à postuler à la présidence de l’AIBA ?
Suleyman Mikayilov : J’ai décidé de me présenter à la présidence car je crois que je peux faire une différence. Je peux, surtout, aider les boxeurs du monde entier à pouvoir compter sur une instance de confiance, dont ils pourraient être fiers. Je veux que l’AIBA puisse à nouveau être dotée d’une réelle gouvernance au niveau mondial, établie sur une éthique plus stricte. Notre instance doit retrouver le droit d’organiser les compétitions de boxe aux Jeux olympiques. Je veux restaurer l’unité et la solidarité au sein de la famille de la boxe. Je montrerai ma détermination à enclencher ce processus de réforme en constituant un groupe d’experts internationaux de l’éthique et l’intégrité, chargé de veiller à ce que la nouvelle AIBA réponde aux attentes de nos fédérations nationales et aux critères les plus stricts du CIO.
Sur quels soutiens pouvez-vous compter pour remporter l’élection ?
Je suis convaincu qu’il y a un très fort désir de changement de la part de toutes les fédérations nationales, de tous les boxeurs et de la famille de la boxe. Cette volonté de réforme est conforme à tous mes principes. Je peux donc compter sur le soutien de la majorité des fédérations nationales. Elles sont en attente d’un dirigeant qui comprenne parfaitement notre sport. J’ai été boxeur, entraîneur, puis membre des organes exécutifs de ma fédération nationale et de l’AIBA. Je sais que les fédérations nationales soutiendront le candidat qui présentera le meilleur programme et saura répondre à l’attente du CIO d’une réforme en profondeur. Je veux reconstruire l’unité. J’inviterai pour cela tous mes collègues à jouer un rôle dans ce processus de reconstruction. J’ai confiance en leur perspicacité et leur sagesse.
Comment comptez-vous combler le déficit de 16 millions de dollars de l’AIBA ?
Ce chiffre de 16 millions de dollars de déficit a été annoncé publiquement par l’un de nos collègues, mais il n’est pas exact. Mais même si le déficit n’est pas aussi élevé, nous ne pouvons pas cacher que l’AIBA a des dettes importantes, conséquence de prêts et d’investissements hérités du passé. Il existe des solutions concrètes pour effacer les dettes de notre organisation et commencer à assainir nos comptes. Je travaille actuellement à la façon de régler toutes les questions financières, en m’appuyant sur une équipe d’experts externes. Un plan détaillé des mesures destinées à combler notre déficit et rétablir une gestion financière transparente figure en bonne place dans mon manifeste de candidat.
Selon vous, que faut-il faire pour restaurer l’image et la crédibilité de l’AIBA, en particulier auprès du CIO ?
La seule façon d’y parvenir est de mettre en œuvre tous les changements nécessaires. Eux seuls peuvent garantir un avenir à notre sport, pas seulement aux yeux du CIO. Cet avenir dépendra de notre capacité à être unis, à instaurer des vrais changements dans la gouvernance, l’intégrité, l’égalité des sexes et la gestion financière. Une fois que nous aurons accompli tout cela, notre image et notre crédibilité perdues pourront être restaurées. Le CIO attend de voir jusqu’où iront nos réformes pour les évaluer et lever notre suspension après les Jeux de Tokyo. Si je suis élu, j’entamerai le processus de réforme avec nos fédérations nationales et avec l’apport d’experts sportifs internationaux, indépendants et externes au monde de la boxe. Le président du CIO a récemment évoqué l’AIBA, en répétant l’importance du travail de reconstruction nécessaire pour regagner notre crédibilité, en particulier dans le domaine de la gouvernance. Reconstruire notre gouvernance est vital pour l’avenir. Mais il est aussi nécessaire de revoir complètement nos règles et nos compétitions, pour les rendre plus en phase avec la tendance actuelle dans le sport international. Je pense notamment à l’apport de la technologie dans le système de jugement, mais également à un nouveau modèle de formation des officiels. Dans mon manifeste, j’annoncerai un certain nombre d’autres avancées technologiques que je souhaite concrétiser. Le CIO demande également d’utiliser les futurs revenus olympiques uniquement pour les boxeurs et les programmes de développement des fédérations nationales. Je suis tout à fait d’accord. L’AIBA ne peut pas réussir en ignorant les fédérations nationales et leurs contraintes financières. Nous devons les aider à résoudre leurs problèmes.
L’AIBA peut-elle encore retrouver sa place dans le mouvement olympique avant les Jeux de Paris 2024 ?
C’est l’un des points essentiels de mon manifeste. Je crois qu’il est possible pour l’AIBA de regagner le soutien du CIO. J’espère que nous pourrons jouer un rôle aux Jeux de Tokyo 2020, puis assumer notre entière responsabilité aux Jeux de Paris 2024. Le CIO prendra sa décision de lever notre suspension après les Jeux de Tokyo 2020, donc dans un peu plus d’un an. J’ai déjà préparé des programmes de réforme. Si je suis élu en décembre, je les mettrai en œuvre immédiatement pour satisfaire le CIO par des actions, et non plus seulement des paroles. Je suis à 100% favorable à ce que les Jeux olympiques constituent l’étape ultime pour les boxeurs affiliés à l’AIBA. Je soutiens pleinement le CIO, j’ai personnellement toute confiance dans le fait qu’il fera tout son possible pour la réussite de la boxe aux Jeux de Tokyo. Si je suis élu, je ferai en sorte que toute la famille de la boxe soutienne le CIO. L’AIBA fera toujours partie du mouvement olympique. Je veux prouver que nous apportons une valeur ajoutée aux Jeux olympiques. Nous voulons être de retour pour Tokyo 2020, et certainement pour Paris 2024.