Les organisateurs des Jeux de Tokyo le craignaient : convaincre leur myriade de sponsors nationaux de remettre la main au portefeuille pour contribuer au financement du report de l’événement ne serait pas simple. Un récent sondage mené auprès des partenaires privés de Tokyo 2020 donne raison à leurs angoisses. Les entreprises japonaises engagées dans l’aventure ne quitteront pas le navire, mais à condition de ne pas devoir sortir une nouvelle fois leur carnet de chèques.
Le quotidien japonais Mainichi Shimbun a interrogé au cours des deux dernières semaines les 67 entreprises partenaires des Jeux de Tokyo au sein du programme de marketing national. Cinquante-et-une d’entre elles ont accepté de répondre aux questions sur leurs intentions quant au report des Jeux de Tokyo.
Bonne nouvelle pour les organisateurs : aucune d’entre elle n’a ouvertement avoué ne pas vouloir prolonger son partenariat au-delà de sa date initiale de fin, prévue au 31 décembre 2020. A l’évidence, la fidélité est une vertu japonaise, y compris en temps de crise.
Mais, tendance moins réjouissante pour l’équipe de Tokyo 2020, environ 80 % des sponsors (39) ayant répondu au Mainichi Shimbun expliquent que le facteur le plus déterminant au moment de prolonger leur contrat de sponsoring sera le montant des « contributions supplémentaires ». En clair, les partenaires sont prêts à rester à bord, mais à la seule condition de ne pas être assommés par les extras.
Trente-sept sponsors ont confié que leur décision de prolonger dépendrait des assurances qu’ils pourront obtenir dans les semaines à venir quant à la tenue réelle des Jeux de Tokyo. Leurs dirigeants attendent des réponses précises. Ils risquent d’être déçus.
Enfin, environ la moitié des entreprises suggère que leur fidélité à l’événement olympique dépendra de leurs « performances commerciales et conditions financières ». Elles se disent prêtes à rempiler, mais sûrement pas au péril de l’avenir de leur boîte.
Pour rappel, les organisateurs des Jeux de Tokyo ont lancé en juillet dernier une vaste tournée des popotes chez les 67 sponsors enregistrés dans leur programme de marketing national. Objectif : prolonger tous les contrats d’une année, si possible en accompagnant le prolongement d’une rallonge financière.
Vingt sponsors des Jeux ont assuré au Mainichi Shimbun qu’ils envisageaient de prolonger leur partenariat. Mais ils ont été 23 à reconnaître ne pas avoir encore arrêté leur décision. Enfin, les huit partenaires n’ayant pas souhaité répondre à cette question expliquent être actuellement en discussion avec Tokyo 2020.
Selon les estimations, le programme de marketing des Jeux de Tokyo 2020 avait atteint en décembre 2019 la somme record de 348 milliards de yens, soit environ 3,3 milliards de dollars. Les partenaires officiels auraient payé entre 9,5 et 143 millions de dollars le droit de s’afficher comme sponsors des Jeux et utiliser les anneaux olympiques.
La performance est historique. Elle pourrait même ne plus jamais être dépassée, voire seulement approchée, dans le monde d’après. Il n’empêche, les organisateurs japonais ne pourront pas faire l’économie d’un bras de fer avec leurs sponsors pour les inciter à remettre au pot.
Au dernier pointage, le plan proposé par l’équipe de Tokyo 2020 pour « simplifier » les Jeux, et en réduire les coûts, permettrait une économie d’environ 286 millions de dollars. Dans le même temps, les organisateurs n’ont toujours pas communiqué le montant réel du surcoût lié au report d’une année. Mais il se situerait entre 2,5 et 3 milliards de dollars, soit dix fois plus que le gain réalisé en rognant sur les dépenses.
Avec un tel tableau, les organisateurs n’ont pas d’autre choix que demander un nouvel effort à leurs partenaires privés. La démarche s’annonce complexe.