Qui l’eût cru. Exclue du mouvement olympique, criblée de dettes et sans le sou, l’AIBA fait encore rêver les dirigeants. Ils sont sept, pas un de moins, à se présenter sur la ligne de départ de la course à sa présidence. Sept postulants officiellement enregistrés à moins de six semaines de l’élection. Un record. Et même, allez, une énigme.
Jusqu’à la semaine passée, le peloton des candidats comptait cinq noms. l’Azeri Suleyman Mikayilov s’était déclaré le premier. Le Dominicain Bienvenido Solano l’avait rapidement imité, suivi de peu par Anas Al Otaiba, citoyen des Emirats arabes unis. Le Néerlandais Boris van der Vorst s’est ensuite joint à la course. Enfin, le Russe Umar Kremlev a officialisé une candidature pressentie depuis plusieurs mois.
Ils étaient cinq. Ils sont désormais sept. Deux autres partants sont sortis du bois au tout dernier moment, lundi 2 novembre, date limite fixée par l’AIBA pour déposer une candidature à la présidence.
Le premier n’est pas un inconnu. Mohamed Moustahsane assure l’intérim à la présidence de l’instance internationale de la boxe depuis le mois de mars 2019. Il avait été appelé à la rescousse après le renoncement, réclamé à cors et à cris par le CIO, du sulfureux Ouzbek Gafur Rakhimov. Mais le Marocain avait assuré qu’il ne souhaitait pas transformer l’intérim en position plus durable. Il a changé d’avis. A moins qu’il ait joué de l’effet de surprise pour tenter de déstabiliser la concurrence.
Mohamed Moustahsane a adressé en début de semaine une lettre à l’ensemble des fédérations nationales membres de l’AIBA, où il déclare ses intentions. « Pendant plus de 20 ans, j’ai eu le privilège d’exercer différentes fonctions dans la boxe. Aujourd’hui, je crois que je peux dire que je connais l’AIBA sur le bout des doigts. J’ai le plaisir et l’honneur de briguer la présidence à un moment charnière pour l’AIBA. Notre organisation est confrontée à des défis qui exigent un esprit de collaboration et, plus important encore, un dirigeant qui comprenne les complexités et les pressions actuelles. »
Le Marocain insiste également sur sa volonté de profiter de son leadership pour regagner la confiance du CIO. Pas simple.
Autre engagé de la dernière minute : l’Allemand Ramie Al-Masri. Originaire de Palestine, réputé pour parler une demi-douzaine de langues, ce chef d’entreprise dans les nouvelles technologies fait figure d’invité surprise dans la course à la présidence. A son actif, une position de président de la commission des arbitres à la Fédération allemande de boxe (DBV).
Ramie Al-Masri a écrit lui aussi à toutes les fédérations nationales pour déclarer sa candidature à la présidence de l’AIBA. Mais à la différence de Mohamed Moustahsane, il ne prétend pas connaître l’instance dans ses moindres recoins. A l’inverse, le dirigeant allemand met en avant un parcours jusque-là très éloigné des arcanes du pouvoir, donc des affaires, une « virginité » susceptible de rassurer le CIO.
Avec sept candidats, l’élection à la présidence de l’AIBA prévue les 12 et 13 décembre pendant le congrès de l’instance, s’annonce très indécise. Les alliances et les reports de voix rendent possible la victoire d’un outsider. Mais, au-delà du seul nom du nouvel homme fort de la boxe mondiale, le CIO observera depuis Lausanne la composition du comité exécutif. L’instance olympique veut de la nouveauté. Pas seulement en apparence.