Ambiance. A moins de deux semaines de l’élection à la présidence de la Fédération internationale de triathlon (World Triathlon), prévue dimanche 29 novembre en mode virtuel, l’instance mondiale de la discipline est secouée par les remous. Sa présidente, notamment, l’Espagnole Marisol Casado (photo ci-dessus), en place depuis douze ans, candidate à sa propre succession.
Selon une série de documents confidentiels dont FrancsJeux a eu connaissance, une plainte a été déposée contre Marisol Casado, mais aussi contre deux autres officiels de World Triathlon : le secrétaire général, l’Espagnol Antonio Arimany, et le président de la commission juridique et constitutionnelle, le Français Bernard Saint-Jean. Elle émane du tribunal de World Triathlon, sorte de comité d’éthique et de discipline, créé en 2015 pour statuer sur les différends concernant tout à la fois les athlètes, les officiels et les fédérations nationales, notamment sur les questions disciplinaires.
La plainte évoque de « multiples violations des valeurs, des principes et des réglementations de World Triathlon. » Elle suggère que la gouvernance de l’instance internationale serait corrompue. Elle avance que les trois dirigeants, Marisol Casado, Antonio Arimany et Bernard Saint-Jean, auraient tenté d’intervenir dans la composition du tribunal de World Triathlon, écartant ses membres actuels pour les remplacer sans les prévenir par des nouveaux à l’occasion des prochaines élections.
La plainte en question a d’abord été envoyée, le 10 novembre 2020, à l’Association des fédérations internationales des sports olympiques d’été (ASOIF). En pure perte. L’instance présidée par l’Italien Francesco Ricci Bitti s’est déclarée incompétente à traiter le sujet.
Les plaignants se tournent maintenant vers le CIO. Dans un courrier daté du 17 novembre, les cinq membres du tribunal de World Triathlon (Philippe Renz, Geneviève Pellerin, Ize Ukpoma Mate, Timo Pennanen et Kevin S. Sullivan) réitèrent leur demande auprès de la commission d’éthique du CIO, présidée par le Sud-Coréen Ban Ki-moon, l’ancien secrétaire général des Nations Unies. Ils renouvellent leurs accusations à l’encontre de Marisol Casado, Antonio Arimany et Bernard Saint-Jean. Ils réclament une « intervention » du CIO. « Une rapide intervention semble souhaitable compte tenu de la gravité des infractions reprochées aux trois répondants », écrivent-ils dans leur courrier au CIO.
A moins de deux semaines des élections à World Triathlon, l’affaire n’est pas anodine. Sa révélation n’est sans doute pas non plus innocente. Marisol Casado ne joue pas seulement à la fin du mois un quatrième mandat à la tête de l’instance internationale, mais également son statut de membre du CIO, acquis lors de la session de Vancouver en 2010. En perdant la présidence, dimanche 29 novembre, l’Espagnole devrait aussi renoncer à son statut de membre de l’instance olympique, les deux mandats étant directement liés.
Tout sauf un hasard : Marisol Casado fait face à une concurrence pour la présidence de World Triathlon. Le Danois Mads Freund, un ancien triathlète de haut niveau, actuel président de la fédération danoise de la discipline, mène une campagne très active depuis plusieurs mois pour tenter de renverser la dirigeante espagnole.
Marisol Casado, sans surprise, dément en bloc les accusations du tribunal de World Triathlon. L’élection s’annonce houleuse.