Les temps changent. Pour la deuxième fois depuis son élection à la présidence du CIO, Thomas Bach s’est exprimé dimanche 22 novembre devant les dirigeants des principales puissances mondiales à l’occasion du G20.
L’an passé, il avait fait le voyage vers Osaka, au Japon, à l’invitation de Shinzo Abe, le Premier ministre de l’archipel. Cette fois, Thomas Bach est resté dans son bureau, à la Maison olympique de Lausanne. Mais il a tenu en mode virtuel à peu près le même discours. A une nuance près, mais d’importance : la crise sanitaire.
A Osaka, en juin 2019, Thomas Bach avait sorti de ses poches les habituelles valeurs de l’olympisme, dont l’universalité et la solidarité. La planète vivait alors dans le monde d’avant. Dimanche 22 novembre, le dirigeant allemand a ajouté à la palette des arguments olympiques une dimension sanitaire. Logique.
« Le sport peut sauver des vies, a assuré Thomas Bach, invité à s’exprimer face à son écran d’ordinateur par l’Arabie saoudite, qui préside le G20 cette année. Durant la crise sanitaire du coronavirus, nous avons tous vu à quel point le sport était important pour la santé physique et mentale. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a reconnu en signant un accord de coopération avec le CIO. À la suite de la conclusion de cet accord, les Nations Unies, l’OMS et le CIO se sont associés pour lancer une campagne baptisée « En bonne santé ensemble », menant à cette occasion plusieurs projets au niveau international. Nous nous préparons en outre à participer à une campagne mondiale en faveur de la vaccination. »
Rentré quelques jours plus tôt de sa première visite au Japon depuis le début de la pandémie, Thomas Bach ne s’est pas privé d’évoquer les Jeux de Tokyo. Droit dans ses bottes, il l’a fait au futur, laissant aux sceptiques l’usage du conditionnel.
« Cette crise sanitaire nous aura appris une chose importante : nous avons besoin de plus de solidarité, a insisté Thomas Bach. Plus de solidarité au sein des sociétés et plus de solidarité entre les sociétés. Nous célébrerons bientôt cet exemple de solidarité à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques reportés de Tokyo 2020. Ces Jeux olympiques, auxquels participeront les 206 comités nationaux olympiques ainsi que l’équipe olympique des réfugiés formée par le CIO, enverront un message fort de solidarité, de résilience et d’unité de l’humanité dans toute sa diversité. Dans ces circonstances, je suis extrêmement reconnaissant au Premier ministre japonais Suga Yoshihide de partager notre détermination. »
Les Jeux, donc. L’an prochain, comme prévu. Thomas Bach le martèle sans un bémol d’hésitation. A moins de 250 jours de l’ouverture, il reste dans son rôle. Pas question pour lui d’entretenir le doute, surtout face aux dirigeant politiques mondiaux.
A l’évidence, son discours a atteint sa cible, au moins dans les textes. La déclaration finale du sommet du G20 n’a pas oublié de citer les Jeux de Tokyo. « Nous saluons la détermination du Japon à accueillir l’année prochaine les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020, symbole s’il en est de la résilience de l’humanité et de l’unité mondiale face à la COVID-19. (…) Nous attendons avec impatience la tenue des Jeux olympiques d’hiver à Pékin en 2022″, peut-on lire dans le document.
L’évolution de la crise sanitaire se chargera peut-être de renvoyer ces belles paroles dans les oubliettes de l’histoire. Mais en attendant, le ton se veut optimiste. Sur la question des Jeux, les planètes sont alignées chez les grands de ce monde. Pas si fréquent.
Pour le reste, rien de très inattendu. Thomas Bach a appelé les pays du G20 à respecter et soutenir la neutralité politique des Jeux olympiques et du CIO. « Je vous demande humblement dans ces conditions d’apporter votre soutien à notre neutralité politique, afin de nous aider à faire des Jeux olympiques et paralympiques ce grand symbole de solidarité mondiale, exempt de toute forme de discrimination. »
Le discours n’est pas nouveau. Mais il prend une dimension très particulière en 2020, une année qui aura vu la Biélorussie s’enflammer après la réélection d’Aleksander Lukashenko (par ailleurs président du comité national olympique), l’exécution par les autorités iraniennes du lutteur Navid Afkari, et enfin l’appel au boycott des Jeux d’hiver de 2022 par un grand nombre d’organisations de défense des droits de l’homme. A chaque fois, il a été demandé au CIO de prendre des sanctions. A chaque fois, il s’y est refusé.