Enfin. Plus de huit mois après la décision du CIO de repousser d’une année complète les Jeux de Tokyo 2020, les contribuables japonais connaissent le montant de la facture à régler pour éponger le surcoût du report. Comme pressenti, elle se révèle salée : 200 milliards de yens, soit un peu de 1,9 milliard de dollars, ou 1,6 milliard d’euros, au cours actuel.
Le chiffre n’est pas encore officiel. Il est dévoilé par deux médias japonais, l’agence Kyodo News et le quotidien Yomiuri Shimbun. L’un et l’autre citent des sources anonymes mais proches du dossier.
Précision : le montant révélé ne comprend pas le coût des mesures sanitaires envisagées par les Japonais pour lutter contre les risques sanitaires aux Jeux olympiques et paralympiques. Elles feront l’objet d’une estimation à part, encore impossible à établir sans savoir dans quelle situation se trouvera le pays l’été prochain, et surtout quelle sera la jauge pour le nombre de spectateurs sur les sites de compétition.
Le montant dévoilé par les médias japonais concerne seulement les dépenses liées au report d’une année, à savoir les salaires du personnel du comité d’organisation pendant douze mois supplémentaires, la location et la maintenance des sites jusqu’en 2021, dont le village des athlètes, les études à tiroirs menées par l’équipe de Tokyo pour l’organisation des Jeux une année plus tard, dans un contexte de crise sanitaire…
Prés de deux milliards de dollars, donc. Copieux. Mais la facture ne surprend personne. Peu de temps après l’annonce du report, les premières estimations évoquaient « plusieurs milliards de dollars ». Elles voyaient juste.
Pour rappel, les Japonais avaient annoncé un budget de 7,3 milliards de dollars au moment de l’attribution des Jeux de 2020, lors de la session du CIO à Buenos Aires en septembre 2013. Depuis, le coût de l’événement a joué aux montagnes russes, grimpant jusqu’à 30 milliards avant que le comité d’organisation soit contraint de revoir son dispositif, sous la pression des autorités de la ville et du pays.
Au dernier pointage, avant la décision du report, le budget des Jeux avait été « stabilisé » à 12,6 milliards de dollars. Mais un audit conduit par un bureau public de vérification des comptes a conclu l’an passé qu’il atteindrait en réalité plutôt le double de cette somme.
Question : qui paiera ? Avant le report, la réponse était connue. La somme de 5,7 milliards de dollars était assurée par des fonds privés : la contribution du CIO, le marketing, la billetterie et la vente des produits dérivés. Le reste, environ 7 milliards de dollars, sortait de la poche du contribuable, via les subventions des gouvernements de Tokyo (5,7 milliards) et du Japon (1,4).
Depuis le report, le CIO a déjà prévenu qu’il n’augmenterait pas sa contribution directe. De leur côté, les organisateurs se se sont lancés dans un vaste plan de simplification des Jeux et de réduction des dépenses. Son résultat n’est pas anodin, puisqu’il permettrait de gratter environ 288 millions de dollars. Mais il paraît aujourd’hui presque dérisoire au regard de la note finale de deux milliards de dollars du décalage d’une année de l’événement.
A ce stade de l’histoire, nul besoin de compétences comptables pour conclure que le gros de la facture du report sera payée par le contribuable. Difficile, en effet, d’imaginer les organisateurs trouver l’argent ailleurs, d’autant que les négociations engagées avec les sponsors nationaux pour une rallonge de leur contribution seraient délicates, voire tendues dans certains cas.
Le comité d’organisation, le gouvernement métropolitain et celui du Japon devraient annoncer avant la fin de l’année le surcoût officiel du report. Et, surtout, la façon dont chacun devra mettre la main à la poche.