Les Japonais se dévoilent. Ils le font par petites touches, avec prudence et un luxe de précautions. Mais à moins de 240 jours de l’ouverture présumée des Jeux de Tokyo, les organisateurs soulèvent peu à peu le rideau sur ce qui attend l’an prochain les visiteurs, dont les athlètes et spectateurs. Le résultat laisse peu de place au doute : les Jeux de Tokyo ne feront ni dans l’insouciance ni dans la fantaisie.
Un rapport d’une cinquantaine de pages sur les mesures envisagées l’an prochain pour lutter contre les risques de propagation du virus a été présenté mercredi 2 décembre à Tokyo. Son contenu avait déjà fuité depuis la veille dans les médias, notamment le quotidien économique Nikkei.
Toshiro Muto, le directeur général du comité d’organisation des Jeux de Tokyo, en a expliqué aux médias certains des grands principes. Ils ne feront sourire personne.
Les athlètes, d’abord. Ils n’auront pas à se soumettre à une quarantaine, à leur arrivée au Japon, mais ils seront testés dès leur arrivée, puis tous les quatre ou cinq jours (96-120 heures). Normal.
Plus inattendu : ils devront signer un code de conduite les invitant à ne pas parler fort, à éviter les contacts physiques avec d’autres et à porter un masque en dehors de l’entraînement et la compétition. Des sanctions éventuelles pour non-respect des règles de santé pourraient être prévues, en accord avec le CIO. Les Japonais n’ont pas détaillé la nature des sanctions.
Avec un tel code de conduite, la vie au village s’annonce austère, voire monacale. Toshiro Muto n’en fait pas mystère : « Si les Jeux se déroulent pendant la pandémie de COVID-19, je ne crois pas qu’ils seront aussi festifs qu’à l’habitude. Nous avons fait le choix d’une version austère des Jeux. A l’image de la cérémonie d’ouverture, ils seront plus austères que festifs. »
Les athlètes sont prévenus. Mais les organisateurs japonais l’ont expliqué mercredi : leur présence au village olympique ne leur laissera pas réellement le temps d’en subir l’ambiance austère. Il sera demandé aux délégations de renvoyer les participants chez eux aussi rapidement que possible après la fin de leur épreuve. Toshiro Muto l’a précisé : « Nous ne voulons pas d’un village bondé. Les athlètes devront retourner dans leur pays après la compétition. »
Les spectateurs, maintenant. Les visiteurs venus de l’étranger n’auront pas non plus à subir une période d’isolement à leur arrivée au Japon. Ils pourront emprunter les transports en commun. En revanche, il leur faudra attendre encore quelques mois avant de finaliser leur voyage à Tokyo. Le rapport du comité d’organisation le précise en toutes lettres : « Une décision finale sur le nombre maximum de spectateurs à accueillir » ne sera pas prise avant le printemps prochain. La jauge sera déterminée « conformément aux règles nationales sur la limite supérieure des événements sportifs ». Elle tiendra également compte de « la propagation de l’infection à l’intérieur et à l’extérieur du Japon. »
A l’image des athlètes, les spectateurs seront eux aussi priés de contrôler leurs émotions. Ils ne devront pas crier, surtout sur les sites de compétition. Prudence et austérité.
Les Japonais ont également expliqué envisager de rendre obligatoire l’usage d’une application pour smartphone, destinée à tracer les visiteurs pendant leur séjour au Japon, et détecter ainsi les personnes infectées et tous les cas contact.
Quant à la question d’un vaccin, elle sera étudiée le moment venu. Sera-t-il obligatoire pour se rendre au Japon ? « Il s’agit d’un scénario sur lequel nous travaillerons dès que le vaccin deviendra disponible », a répondu Toshiro Muto.