La perspective des premiers vaccins aux Etats-Unis, et accessoirement le redéploiement des anneaux olympiques dans la baie de Tokyo, n’y changent rien. Au Japon, les Jeux de Tokyo peinent à retrouver leur cote d’amour parmi la population.
A 220 jours de l’ouverture, ce mardi 15 décembre, la chaîne de télévision NHK révèle les résultats d’un sondage d’opinion réalisé par téléphone au cours du dernier week-end. Ses chiffres en disent long sur la défiance des Japonais à l’égard des prochains Jeux olympiques et paralympiques.
Plus de 30 % des 1.200 personnes interrogées (32 %) ont déclaré que les Jeux de Tokyo l’an prochain devraient être purement et simplement annulés.
Dans le camp opposé, où se rangent les Japonais partisans des Jeux, ils sont seulement 27 % à estimer que l’événement devrait se dérouler aux nouvelles dates (23 juillet au 8 août 2021), établies au printemps dernier par le CIO et le comité d’organisation.
Enfin, pas moins de 31 % des personnes interrogées par la NHK pensent que les Jeux devraient être reportés une nouvelle fois, pour l’essentiel en raison des risques liés à la crise sanitaire. Un deuxième report, donc, scénario écarté sans la moindre nuance par le CIO et par les organisateurs japonais.
Le calcul est simple. A deux semaines du passage dans l’année olympique, une grande majorité des Japonais (63 %) pense que les Jeux de Tokyo ne devraient pas se tenir en 2021. Eloquent.
Plus inquiétant : les efforts déployés à Tokyo comme à Lausanne depuis quelques semaines pour raviver l’enthousiasme des Japonais pour les Jeux ne semblent pas avoir eu le moindre effet. Le voyage de Thomas Bach le mois dernier dans la capitale japonaise, notamment, où il a rencontré le nouveau Premier ministre, Yoshihide Suga, et visité plusieurs sites olympiques.
En octobre dernier, un sondage similaire avait affiché des résultats moins négatifs. Environ 40 % des personnes interrogées avaient déclaré que les Jeux devraient être organisés l’an prochain, 23 % qu’ils devraient être annulés et 25 % qu’ils serait plus pertinent de les reporter une nouvelle fois. La tendance se révèle donc toujours à la baisse. La cote de popularité est en chute libre. Sombre perspective.
Autre signe alarmant pour les organisateurs japonais : la défiance à l’égard des Jeux est en train de gagner le reste de l’archipel. Les villes hôtes des délégations étrangères, notamment, commencent à sérieusement se poser la question de l’intérêt de leur projet dans le contexte de la crise sanitaire. Elles rechignent à consentir l’effort financier supplémentaire imposé par les mesures de protection contre le virus. Surtout, elles s’interrogent sur la réalité des « échanges » avec les délégations étrangères dans le monde d’après.
Murayama, une ville moyenne située dans la préfecture de Yamagata, doit accueillir l’équipe bulgare de gymnastique rythmique avant les Jeux. Mais les mesures sanitaires qui seront nécessaires pendant son séjour coûteront environ 4 millions de yens à la municipalité, soit près de 32.000 euros au cours actuel. Une somme jugée excessive dans une ville durement touchée par les effets économiques de la crise du COVID-19.
La NHK rapporte également que la ville de Kitahiroshima, dans la préfecture de d’Hiroshima, est en train de reconsidérer son programme d’échanges avec une délégation d’athlètes et de judokas venus de la République Dominicaine. Il prévoyait que les futurs olympiens s’entraînent avec les étudiants de l’université locale. Mais les contraintes sanitaires pourraient rendre l’initiative difficile, voire impossible. Quel intérêt, dans ce cas, de recevoir des athlètes étrangers, s’interrogent les autorités locales.