Les records ne sont pas tous les bienvenus. Le nouveau coût des Jeux de Tokyo en 2021 a été dévoilé mardi 22 décembre par le comité d’organisation. Il se révèle historique. Mais les Japonais se seraient volontiers épargnés le privilège de marquer l’histoire du mouvement olympique par un événement dont la facture dépassera les 15 milliards de dollars.
Attendue sans réelle impatience, la nouvelle version du budget des Jeux de Tokyo, la cinquième du nom, a été présentée par les organisateurs japonais. Elle est la première du monde d’après. La première depuis le début de la crise sanitaire.
Sans la moindre surprise, bonne ou mauvaise, les chiffres ont encore grimpé. La version 4 du budget des Jeux de Tokyo, révélée en décembre 2019, affichait déjà un résultat à donner des cauchemars à Thomas Bach et au CIO tout entier : 12,6 milliards de dollars. La nouvelle mouture fait mieux encore, ou plutôt pire : 15,4 milliards de dollars, soit une hausse de 22 % en seulement 12 mois.
Les Jeux de Tokyo figuraient déjà, avant le début de la pandémie de COVID-19, au premier rang des événements olympiques et paralympiques d’été les plus chers de l’histoire. Avec leur budget gonflé à l’hélium, ils prennent toujours plus de distance avec leurs suivants. Pour rappel, Londres 2012 a longtemps pointé en tête des Jeux d’été les plus dispendieux de l’histoire avec un budget final de 12,2 milliards de dollars.
La hausse des coûts enregistrée depuis l’an passé à pareille époque ne surprendra personne. Ses raisons sont connues : le report d’une année et les mesures sanitaires imposées par la pandémie. A elles seules, ces précautions contre la propagation du virus vont coûter 900 millions de dollars aux organisateurs.
Dans le détail, le budget du comité d’organisation (COJO) atteint désormais 6,7 milliards de dollars. Les autres dépenses, consacrées pour l’essentiel à la construction et/ou la rénovation des sites de compétition, dépassent les 8,6 milliards de dollars. Le total affiché (15,4 milliards de dollars) représente désormais plus du double du budget présenté au CIO par les Japonais en phase de candidature (environ 7,5 milliards).
Avec une telle addition, toujours susceptible de s’alourdir encore dans les mois à venir, la contribution directe du CIO (800 millions de dollars), et celle versée par les partenaires du programme de marketing mondial TOP (500 millions), paraissent presque dérisoires. Les recettes du marketing national (3,3 milliards de dollars) semblent elles aussi peu en rapport avec les dépenses. Elles sont pourtant historiques.
Avec un financement privé à hauteur de 6,7 milliards de dollars, les organisateurs japonais ont accompli une véritable prouesse. Il n’empêche, les Jeux de Tokyo coûteront plus de 8 milliards de dollars aux autorités publiques (gouvernements métropolitain et japonais), donc aux contribuables.
Selon le quotidien économique Nikkei, la renégociation des contrats de sponsoring, rendue nécessaire par le report d’une année de l’événement, permettrait de gonfler les recettes en marketing d’environ 150 millions de dollars. Une quinzaine de partenaires nationaux auraient accepté de rallonger leur contribution.
En ces temps de crise, une telle performance est plus que respectable. Mais il n’est même pas certain que les sommes obtenues suffisent à compenser les pertes en recettes de billetterie provoquées par le report d’une année et les mesures de distanciation sociale.