Paradoxe. L’Italie figure aujourd’hui en quatrième position des futurs pays-hôtes des Jeux olympiques et paralympiques, après le Japon, la Chine et la France. Mais à en croire le président de son comité national olympique (CONI), le risque est réel de voir son drapeau et son hymne exclus des Jeux de Tokyo.
Giovanni Malago, le président du CONI, n’est pas homme à utiliser les superlatifs à tort et à travers. A 61 ans, l’ancien joueur de futsal, entré au CIO en 2019, sait conserver son calme en toutes circonstances. Il a pourtant profité d’une interview sur la Rai 3, juste avant le passage à la nouvelle année, pour tirer la sonnette d’alarme.
« Le risque d’aller à Tokyo sans hymne et sans drapeau est très élevé », a-t-il assuré. A en croire Giovanni Malago, l’Italie pourrait rejoindre la Russie dans les rangs des pays exclus des Jeux. Les raisons en seraient différentes, mais le résultat comparable.
En cause, un texte de loi adopté par le Parlement italien limitant les prérogatives et l’influence du CONI. Avec la création d’une nouvelle entité publique, « Sport et Santé », le pouvoir politique contrôle désormais les destinées du mouvement olympique italien. Il en supervise notamment le financement.
Une telle ingérence du gouvernement dans les affaires du CONI se révèle contraire à la Charte olympique. Elle fait peser la menace d’une exclusion de l’Italie des Jeux de Tokyo.
A cela, rien de nouveau. La loi italienne a été adoptée à la fin de l’année 2018. Le CIO s’en est dit préoccupé à plusieurs reprises, notamment en 2019, Thomas Bach écrivant au CONI pour lui expliquer qu’il risquait une suspension si la loi n’était pas modifiée.
Mais à moins de 200 jours des Jeux de Tokyo, la menace se précise. Surtout, le calendrier s’accélère. Selon Giovanni Malago, la question italienne figure à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la commission exécutive du CIO, prévue le 27 janvier.
Le président du CONI l’a confié à la Rai 3 : « Tout le monde est inquiet, les athlètes, les entraîneurs. Le risque est réel. Personne ne veut de sanctions. Cela serait effrayant. »
Conscient de l’urgence de la situation, Giovanni Malago est passé à l’offensive. Il a récemment rencontré le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, pour évoquer le sujet et lui demander de trouver une solution. Elle se fait toujours attendre.
« J‘espère que ceux qui ont l’honneur et la responsabilité de trouver une solution tiendront au moins leur parole, explique Giovanni Malago. Aujourd’hui, plus personne ne peut ignorer le risque que nous courons. »
L’état d’urgence au Japon, et les menaces sur l’organisation des Jeux de Tokyo, pourraient repousser la question italienne au deuxième rang des débats de la prochaine réunion de la commission exécutive du CIO.
A ce stade, il semble difficile d’imaginer l’instance olympique exclure un deuxième pays, après la Russie. Secoué par la crise sanitaire, le mouvement olympique n’a certainement pas besoin d’une nouvelle polémique.
Il n’empêche, Thomas Bach a déjà haussé le ton face aux autorités italiennes. Sans résultat. Le dirigeant allemand n’acceptera sûrement pas d’être traité éternellement par l’indifférence.