C’est fait. Sans la moindre surprise, bonne ou mauvaise, la ville de Tokyo et trois de ses préfectures voisines, Saitama, Chiba et Kanagawa, ont été placées en état d’urgence, jeudi 7 janvier. A 197 jours de la cérémonie d’ouverture des prochains Jeux d’été.
Le Premier ministre japonais, Yoshihide Suga, en a fait lui-même l’annonce, en début de soirée. Elle était attendue. Et, pour beaucoup, désormais inéluctable. Le Japon a enregistré plus de 6.000 nouveaux cas de coronavirus, jeudi 7 janvier. Un nouveau record pour l’archipel asiatique. A elle seule, la ville de Tokyo en a recensé 2 447. Un autre record. La veille, le nombre de cas positifs au virus s’élevait à 1 591. Il s’agissait déjà d’un record pour la capitale.
L’état d’urgence est entré en vigueur aux premières heures du jour, ce vendredi 8 janvier. Il se poursuivra au moins pendant un mois, jusqu’au dimanche 7 février. Tokyo sera alors passée sous la barre des six mois avant le début des Jeux olympiques (23 juillet au 8 août 2021).
Soyons clairs : l’annonce de l’état d’urgence, et la spectaculaire escalade de la pandémie à Tokyo et dans le reste du Japon, n’incitent guère à l’optimisme quant à la perspective de voir la même ville et le même pays accueillir dans moins de 200 jours la planète entière.
La décision prise par Yoshihide Suga envoie au reste du monde, en particulier au mouvement olympique, un message pour le moins inquiétant. Dick Pound ne s’y trompe pas. L’ancien avocat canadien, doyen des membres du CIO, l’a reconnu cette semaine : « Je ne peux pas être certain que les Jeux pourront vraiment avoir lieu, car le pire serait une nouvelle poussée du virus. »
Pour autant, l’état d’urgence imposé à Tokyo et dans son agglomération par le gouvernement central ne semble pas de nature à stopper net la préparation des Jeux. Dans le détail, ses contraintes se révèlent même assez anecdotiques, au moins pour le comité d’organisation.
Les restaurants et les bars doivent cesser de servir de l’alcool à partir de 19 heures et fermer leurs portes une heure plus tard. Il est demandé aux habitants de limiter leurs déplacements aux seuls besoins essentiels et, dans la mesure du possible, de privilégier le télétravail. Les événements sportifs devront réduire le nombre de spectateurs à un maximum de 5.000 personnes. Toutes les manifestations, sportives ou culturelles, doivent se terminer au plus tard à 20 heures.
Autre conséquence, mais antérieure à la déclaration d’état d’urgence dans l’agglomération de Tokyo : le gouvernement a suspendu pour une durée encore indéterminée l’entrée de visiteurs venus de l’étranger, à l’exception des résidants japonais.
Dans les faits, rien de très spectaculaire, donc. Tout sauf un coup d’arrêt, sans doute irrémédiable à ce stade du compte-à-rebours, dans la préparation des Jeux olympiques et paralympiques.
Il n’empêche, les nouvelles en provenance du Japon restent inquiétantes. La BBC rapporte en effet que la campagne de vaccination dans l’archipel, déterminante pour la bonne organisation des Jeux (spectateurs, volontaires, staff…), pourrait se révéler moins rapide que prévu.
Le Japon a sécurisé auprès de laboratoires occidentaux l’acquisition de 540 millions de doses de vaccin, un nombre a priori largement suffisant pour une population de 126 millions d’habitants. Mais selon l’un des fabricants, Moderna Inc, le vaccin ne sera probablement pas homologué au Japon avant le mois de mai en raison des exigences relatives aux essais cliniques.
Selon Masayuki Imagawa, le responsable de l’activité vaccins au Japon pour Takeda Pharmaceutical, cité par Reuters, l’approbation du vaccin au mois de mai prochain serait en réalité « le scénario le plus optimiste. » Il resterait alors seulement deux mois et une poignée de jours avant l’arrivée des délégations. Un calendrier vraiment serré.