Les sondages pourraient les accabler, mais les organisateurs des Jeux de Tokyo ne baissent pas la tête. A moins de 200 jours de l’événement, alors que l’opinion publique japonaise ne fait plus mystère de sa défiance à l’égard du prochain rendez-vous olympique, les deux patrons du comité d’organisation restent droits dans leurs bottes.
Les Jeux auront lieu, ils ne seront ni reportés ni annulés, ont assuré à quelques heures d’intervalle Yoshiro Mori, le président, et Toshiro Muto, le directeur général. Voilà qui est dit.
Yoshiro Mori, le plus gradé du binôme, ancien Premier ministre, a profité d’un événement organisé par l’agence Kyodo News dans un hôtel de la capitale pour couper court à toute idée d’un nouveau report. « Cela serait absolument impossible », a-t-il tranché sans laisser l’once d’un doute se glisser dans son propos.
Mais, surprise, le président du comité d’organisation n’a pas mentionné le surcoût d’un second décalage dans le temps, ou l’indisponibilité de certains sites olympiques, pour appuyer son affirmation. Il a parlé des hommes.
A en croire Yoshiro Mori, reporter les Jeux serait impossible car un grand nombre de dirigeants et de cadres ayant joué un rôle majeur dans la préparation de l’événement ne seront plus disponibles l’an prochain. Ils devront retourner à leurs affectations antérieures, notamment au gouvernement métropolitain de Tokyo.
Toujours selon Yoshiro Mori, la décision d’organiser les Jeux olympiques en présence de spectateurs étrangers sera prise dans les prochains mois. Elle pourrait intervenir avant le début du printemps. « Je pense que nous aurons une décision très difficile à prendre en février ou en mars », a-t-il suggéré mardi 12 janvier.
Toshiro Muto, de son côté, a choisi un cadre plus protocolaire pour tordre le cou aux spéculations des médias japonais sur des discussions à venir avec le CIO, au cours du mois prochain, sur l’avenir des Jeux de Tokyo. Le directeur général du comité d’organisation l’a fait à l’occasion de la cérémonie des voeux aux 3.500 salariés de Tokyo 2020.
« Lorsque ce genre d’informations fait surface, certaines personnes peuvent se montrer inquiètes, a-t-il posément expliqué. Je tiens à vous dire que nous ne pensons pas du tout de cette façon et que ces articles sont faux. » Compris.
Les sondages ? Toshiro Muto les a lus. Il en connaît les résultats, tous nettement favorables à une annulation ou un nouveau report. Mais le Japonais s’est livré à un périlleux exercice de style pour leur trouver une explication et même, allez, leur découvrir une perspective positive. « Le nombre de personnes qui demandent le report des Jeux a beaucoup augmenté, mais cela signifie que ces personnes veulent toujours que les Jeux se tiennent », a-t-il suggéré.
Toshiro Muto insiste : « Bien sûr, pour que les Jeux aient lieu, nous devons garantir que nous les organiserons avec des mesures très sûres contre le virus. Mais si vous pensez tous de cette manière, je crois fermement que les gens vont se rallier de plus en plus à cette idée. »
En attendant un retournement de l’opinion, encore difficile à imaginer dans la situation sanitaire actuelle, le comité d’organisation des Jeux veut se montrer bon élève. Ses dirigeants expliquent avoir demandé au personnel du comité d’organisation de travailler le plus possible à distance, pour respecter les mesures imposées par l’état d’urgence. A distance mais sans s’éloigner de l’objectif.