L’information n’est pas encore officielle, mais elle devrait le devenir dans les heures à venir : Yoshiro Mori, 83 ans, le président du comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020, va quitter son poste. Il devrait annoncer sa démission au plus tard vendredi 12 février, à l’occasion d’une réunion extraordinaire du conseil et du comité exécutif de Tokyo 2020, décidée en début de semaine pour apporter une réponse aux propos sexistes de l’ancien Premier ministre japonais.
La pression aura donc été très forte. Moins de dix jours après avoir suggéré devant le comité olympique japonais que les femmes « parlaient trop » dans les réunions, Yoshiro Mori va donc quitter le navire. L’information est dévoilée ce jeudi 11 février par plusieurs médias japonais. Ils s’appuient sur les révélations de certaines sources anonymes mais proches du dossier, selon lesquelles Yoshiro Mori aurait déjà informé plusieurs de ses collègues de sa décision.
Au lendemain de ses propos sexistes, Yoshiro Mori avait pris un air contrit pour présenter ses excuses. Il avait tenu une conférence de presse, jeudi 4 févier, pour exprimer publiquement ses regrets. Mais, questionné pour savoir s’il pensait réellement ce qu’il avait dit sur les femmes, le dirigeant japonais avait répondu : « Je n’ai pas écouté beaucoup les femmes ces derniers temps, donc je ne sais pas. »
Depuis, l’affaire Mori n’a pas cessé de prendre de l’ampleur au Japon. Une pétition appelant à sa démission a rassemblé plus de 110.000 signatures en moins de 24 heures. Elle recense actuellement plus de 150.000 signataires.
Un sondage réalisé par Kyodo News a révélé que 60 % des Japonais estimaient que leur ancien Premier ministre n’était désormais « plus qualifié » pour conserver la présidence du comité d’organisation.
Plusieurs futurs relayeurs du parcours de la flamme olympique ont fait savoir qu’ils renonçaient à leur participation au relais. Quelques centaines de volontaires des Jeux de Tokyo ont annoncé leur décision de se retirer eux aussi de l’événement olympique et paralympique.
Au Parlement japonais, les élues féminines se sont présentées habillées de blanc, lors de la dernière session, en signe de protestation contre les propos de Yoshiro Mori.
Mais le coup de grâce a sans doute été porté par Yuriko Koike. La gouverneure de Tokyo, souvent présentée comme l’un des dirigeants politiques les plus influents du pays, avait d’abord laissé entendre qu’elle jugeait préférable que Yoshiro Mori conserve son poste. Tout en condamnant ses propos, elle estimait qu’il restait le mieux placé pour la fonction.
Mais Yoriko Koike semble avoir changé d’avis. Elle annoncé mercredi 10 février, à l’occasion d’une rencontre avec les médias, qu’elle ne participerait pas à une réunion avec le CIO prévue le 17 février par visioconférence. Elle doit rassembler Thomas Bach, Yoshiro Mori et Seiko Hashimoto, la ministre des Jeux olympiques.
La gouverneure de Tokyo a justifié sa décision en expliquant qu’une telle réunion n’aurait rien de très positif dans le contexte de crise provoquée par les propos du président des Jeux. « Yoshiro Mori a mis tout le monde mal à l’aise à un moment où nous essayons de surmonter la pandémie et de nous préparer aux Jeux, a-t-elle suggéré face aux médias. Je suis très déçue, en tant que responsable de la ville hôte. »
A un peu plus de 160 jours de l’ouverture, la démission annoncée de Yoshiro Mori arrive au plus mauvais moment. Pour le CIO comme pour le comité d’organisation, les dégâts pourraient être longs et délicats à réparer.