Le temps presse. A 158 jours de l’ouverture présumée des Jeux de Tokyo (23 juillet au 8 août), le comité d’organisation n’a pas encore décidé si le prochain événement olympique se déroulerait en présence d’un public. Depuis la fin de la semaine passée, il lui faut également se trouver un nouveau président.
La première décision, la présence de spectateurs, n’appartiendra pas seulement aux organisateurs japonais. La seconde, le choix d’un président, leur revient, à eux seuls. A en croire les dernières sources citées par les médias nationaux, anonymes mais supposées dignes de foi, le choix ne devrait pas traîner en longueur. La chaîne Nippon TV annonce, ce lundi 15 février, que le successeur de Yoshiro Mori pourrait être connu avant la fin de la semaine.
Preuve de la violence de l’onde de choc provoquée par l’affaire Yoshiro Mori, le processus de désignation du futur président des Jeux de Tokyo 2020 se présente comme un modèle de transparence. Les Japonais n’en ont pas l’habitude. Mais la récente polémique sur les propos sexistes de l’ancien Premier ministre a convaincu tout le monde, en haut lieu, que le choix ne pourrait pas se décider entre une poignée de dirigeants, masculins pour l’essentiel et plus que sexagénaires pour les plus influents du lot.
Un « comité d’examen des candidatures » a été constitué en fin de semaine passée. Les deux sexes y sont représentés à parts égales. Il comptera des représentants des athlètes. Il se veut transparent.
A Lausanne, le CIO a apprécié et l’a fait savoir. « Cette décision est un engagement clair en faveur de l’égalité des sexes, qui s’inscrit pleinement dans le cadre de l’Agenda olympique 2020, la feuille de route stratégique du CIO », s’est félicitée l’instance olympique dans un communiqué.
Toujours selon Nippon TV, le comité de sélection doit tenir sa première réunion au début de cette semaine, au plus tard mardi 16 février. Ses membres soumettront le lendemain ou le surlendemain les noms des candidats. L’élu pourrait être connu avant la fin de la semaine. Mais les sources citées par la chaîne japonaise le précisent : le processus pourrait se poursuivre la semaine prochaine si les candidats se révèlent en grand nombre.
A moins de six mois des Jeux, un tel scénario semble peu probable. Succéder à Yoshiro Mori à la présidence du comité d’organisation s’affiche comme l’un des jobs les plus casse-gueules actuellement sur le marché. Les postulants crédibles s’annoncent peu nombreux.
Un nom émerge. Signe des temps : il est celui d’une femme. Seiko Hashimoto (photo ci-dessus), l’actuelle ministre des Jeux olympiques, pointerait en tête de liste. A 56 ans, elle possède un solide passé sportif, pour avoir participé à sept reprises aux Jeux, en patinage de vitesse pour l’hiver, en cyclisme pour l’été. Elle a également été vice-présidente du comité olympique japonais (JOC).
Depuis sa nomination comme ministre olympique, en 2019, elle ne traîne aucun boulet. Preuve de sa légitimité : Seiko Hashimoto a été reconduite dans son poste en septembre dernier, après l’arrivée de Yoshihide Suga à la tête du gouvernement japonais.
Choisir une femme pour la présidence du comité d’organisation enverrait un signe fort, notamment à la société japonaise, où l’affaire Mori a été perçue comme l’illustration d’un mal profond. Seul ennui : il serait difficile à Seiko Hashimoto de cumuler les mandats de ministre et de présidente de Tokyo. Le gouvernement devrait donc lui trouver un remplaçant. Pas simple.
Mais un nom est déjà cité, depuis la fin de la semaine passée, pour remplacer Seiko Hashimoto au gouvernement : Tamayo Marukawa. Une femme, elle aussi. Agée de 50 ans, ancienne journaliste à TV Asahi, elle a déjà occupé le poste de ministre des Jeux olympiques, entre 2016 et 2017.
Seiko Hashimoto à la présidence du comité d’organisation et Tamayo Marukawa comme ministre olympique ? Deux femmes aux deux postes clés des prochains Jeux d’été, à moins de six mois de l’ouverture. Le tableau ne manquerait pas d’élégance. En ajoutant Yoriko Koike, la gouverneure de Tokyo, il montrerait le Japon sous un nouveau jour. Un aspect de l’héritage des Jeux de Tokyo peu attendu, mais sans doute durable.