Habemus papam. Sauf improbable retournement de situation, le comité d’organisation des Jeux de Tokyo s’est déniché un nouveau président. Ou plutôt, correction, une présidente. Une fumée blanche devrait s’élever au-dessus de ses bureaux, ce jeudi 18 février, pour officialiser la nouvelle : l’actuelle ministre japonaise des Jeux olympiques, Seiko Hashimoto, prendra la succession de Yoshiro Mori.
Plusieurs sources proches des discussions l’ont confirmé dans la matinée de ce jeudi : l’ancienne patineuse de vitesse et cycliste sur piste, connue dans l’archipel pour avoir participé à sept éditions des Jeux olympiques, hiver et été, a accepté la fonction.
Le processus de sélection du nouveau président des Jeux de Tokyo a débuté vendredi dernier, dans la foulée de l’annonce de la démission de Yoshiro Mori. Un panel de huit personnes, quatre hommes et quatre femmes, a été formé le jour même pour faire le tri parmi les possibles candidats.
Il a tenu sa première réunion mardi 16 février, à huis clos, avec comme tâche initiale de lister les critères devant amener à désigner le futur président. Le lendemain, mercredi, les mêmes huit personnes se sont retrouvées une deuxième fois, toujours à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, pour mettre des noms sur une feuille.
Selon les médias japonais, leur choix se serait réduit à un seul nom : Seiko Hashimoto. Tout sauf une surprise, puisqu’elle avait été citée parmi les possibles prétendantes dès le début du processus. Seul ennui : Seiko Hashimito se serait déclarée, au moins dans un premier temps, peu intéressée par la fonction. Elle se disait réticente à abandonner son portefeuille de ministre olympique à moins de six mois des Jeux.
A l’évidence, elle a changé d’avis. La presse japonaise assure ce jeudi que Seiko Hashimoto aurait finalement décidé d’accepter de succéder à Yoshiro Mori dans le bureau présidentiel. Sa nomination devrait être entérinée plus tard dans la journée par le conseil d’administration de Tokyo 2020.
Agée de 56 ans, Seiko Hashimoto est née cinq jours seulement avant l’ouverture des Jeux de Tokyo 1964. Un signe. Son nom Seiko s’écrit avec le même premier caractère, « seika », que la flamme olympique en japonais. Un autre signe.
Médaillée olympique en patinage de vitesse aux Jeux d’Albertville en 1992, elle a longtemps mené de pair une double carrière sportive, patinage en hiver, cyclisme en été. A son actif, quatre participations aux Jeux d’hiver (Sarajevo 1984, Calgary 1988, Albertville 1992 et Lillehammer 1994), et trois éditions des Jeux d’été (Séoul 1988, Barcelone 1992, Atlanta 1996).
Les membres du panel de sélection ne s’y sont pas trompés : elle coche toutes les cases. Un profil international, une connaissance des Jeux olympiques et paralympiques, un solide réseau politique et, condition désormais obligatoire, une « profonde compréhension » de l’égalité des sexes. Depuis 2019, Seiko Hashimoto avait ajouté un second mandat ministériel, les Jeux olympiques, à sa fonction de ministre en charge de l’émancipation des femmes et de l’égalité des sexes.
Entrée rapidement politique, avec un premier mandat à la Chambre des conseillers en 1995, au nom du parti libéral-démocrate, elle n’a jamais quitté l’univers du sport. Elle a accompagné la candidature de Tokyo aux Jeux de 2020, en sa qualité de membre du conseil d’administration du comité olympique japonais. Elle a été chef de mission de la délégation japonaise aux Jeux de Rio 2016.
Selon le quotidien Mainichi Shimbun , Seiko Hashimoto devrait être remplacée comme ministre des Jeux olympiques par une autre femme, Tamayo Marukawa. A 50 ans, cette ancienne présentatrice des journaux télévisés retrouvera une fonction qu’elle a déjà occupée pendant une année, entre 2016 et 2017.
Une femme à la tête du comité d’organisation. Une autre au ministère des Jeux olympiques. Sans le vouloir, et pour son plus grand malheur, Yoshiro Mori a changé en profondeur l’image des Jeux de Tokyo. Le changement pourrait bien être salutaire.