Reverra-t-on un jour Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah ? L’avenir du dirigeant koweïtien, longtemps présenté comme l’un des hommes les plus influents du mouvement olympique, sinon le plus influent, devrait se jouer cette semaine. Son procès débute ce lundi 22 février à Genève. Il doit durer cinq jours.
Sheikh Ahmad est accusé par le tribunal pénal de Genève, avec quatre autres personnes, d’avoir fabriqué des fausses vidéos pour tenter de prouver que deux fonctionnaires du gouvernement koweïtien étaient coupables de complot et de corruption.
L’affaire est complexe. Surtout, elle remonte loin dans le temps. En décembre 2013, des alliés politiques de Sheikh Ahmad au Koweït ont prétendu posséder des enregistrements vidéos montrant l’ancien Premier ministre, Nasser Al-Mohammed, et l’ex président du Parlement, Jassem Al-Kharafi, préparer en secret une tentative de renversement du gouvernement.
Sheikh Ahmad a toujours nié les faits. Il a expliqué, pour sa défense, être victime d’un complot destiné à l’écarter de toute forme de pouvoir ou d’influence dans son pays de naissance. Mais une procédure judiciaire a été lancée par ses accusateurs. Dans l’attente de son procès, il s’est mis lui-même en retrait du mouvement olympique.
Officiellement, Sheikh est « suspendu temporairement » du CIO, jusqu’à la résolution de son affaire. Il n’était pas présent en début d’année passée à Lausanne, pour la dernière session de l’instance olympique organisée en présentiel, avant l’ouverture des Jeux d’hiver de la Jeunesse.
Il a également renoncé volontairement à sa fonction de président de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO). Il en a ouvert la dernière assemblée générale en date, en novembre 2018 à Tokyo (photo ci-dessus), avant d’annoncer sa décision de se retirer le temps de la procédure judiciaire. Très théâtral, il avait alors quitté la salle malgré la mobilisation de nombreux comités nationaux pour le pousser à conserver sa fonction.
Depuis, Sheikh Ahmad n’a plus fait acte de présence dans le mouvement olympique. Mais, curieusement, il a continué à présider l’Association des comités olympiques asiatiques (OCA). En décembre dernier, il a pesé de tout son poids pour convaincre l’instance continentale de procéder un double vote pour l’attribution des Jeux Asiatiques. Le Qatar a décroché l’édition 2030. L’Arabie Saoudite, seul autre pays en lice, a obtenu l’organisation à Riyad de l’événement multisport en 2034.
Dans l’attente de l’ouverture du procès, ce lundi, Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah a mis profil bas. Il a refusé les sollicitations des médias. Mais ses avocats au sein du cabinet genevois RVMH ont expliqué, dans un communiqué, qu’il était « absolument déterminé à obtenir un acquittement complet et qu’il était confiant quant à l’issue positive de l’affaire ».
A Genève, il n’a pas été précisé si le verdict serait rendu au dernier jour du procès, en fin de semaine. Mais, dans tous les cas, les trois juges suisses du tribunal ne devraient pas se prononcer après le 10 mars, date de l’ouverture de la prochaine session du CIO, organisée en mode virtuel.
En cas d’acquittement, le dirigeant koweïtien pourrait donc prendre part à la session, à distance et par visioconférence. Il pourrait participer à la réélection annoncée de Thomas Bach, seul candidat à sa propre succession à la présidence du CIO. Huit ans plus tôt, Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah avait largement contribué à la victoire de l’ancien escrimeur allemand dans la course au fauteuil présidentiel. Thomas Bach était alors opposé à quatre rivaux : Richard Carrion, Ng Ser Miang, Denis Oswald, et Sergueï Bubka.
Dans le cas contraire, s’il était jugé coupable, Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah pourrait être condamné à une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.