L’athlétisme russe n’est pas encore sorti du tunnel, mais ses athlètes peuvent enfin apercevoir un bout de lumière. World Athletics a annoncé lundi 1er mars avoir approuvé le « plan de réintégration » proposé par la Fédération russe d’athlétisme (RusAF). Un premier pas, rien de plus. Mais cette avancée pourrait bien se révéler décisive.
A ce stade d’un feuilleton débuté en novembre 2015, les mots ont de l’importance. Le « plan de réintégration », comme son nom l’indique sans nuance, a pour vocation d’en terminer enfin des cinq ans et quelques mois de la suspension de la RusAF. Il a été approuvé à l’unanimité par le conseil de World Athletics.
La RusAF n’est pas encore réintégrée. Elle doit lever quelques obstacles. Ils s’annoncent de taille. Mais, pour la première fois depuis la révélation d’un dopage d’Etat dans l’athlétisme russe, tout semble désormais en place pour un retour sur la scène mondiale.
Sebastian Coe, le président de l’instance internationale, l’a résumé sans langue de bois : « Ce n’est pas la fin, mais le début d’un long voyage, avec encore un travail considérable à accomplir par la RusAF pour restaurer la confiance. »
Le plan en question pèse son poids d’engagements et de promesses. En tout, pas moins de 31 pages. Avec un titre un rien pompeux et ronflant, mais apprécié par World Athletics : « Vers un futur propre pour l’athlétisme russe ».
A l’intérieur, un solide bataillon de mesures prévues jusqu’en 2024, avec des points d’étape soigneusement détaillés. Gouvernance, programme éducatif, finances, lutte contre le dopage… La RusAF s’engage à financer un plus grand nombre de tests antidopage, à mieux contrôler les régions historiquement les plus affectées par le dopage, à encourager les lanceurs d’alerte, et enfin à donner aux athlètes une plus grande voix dans la gestion de la fédération.
Rien n’a été oublié. Mais il n’est pas mentionné dans le document établi par la RusAF la responsabilité du régime de Kremlin dans le dopage. World Athletics en a longtemps fait une condition. Plus maintenant.
Les différentes étapes du plan de réintégration seront régulièrement contrôlées par le groupe de travail sur le dopage en Russie, dirigé par le Norvégien Rune Andersen, composé d’experts internationaux. Aucun faux-pas ne sera toléré. World Athletics l’a précisé lundi 1er mars : « La Fédération russe est avertie qu’elle pourrait faire face à une exclusion, et non plus à une suspension, en cas de nouveaux manquements ».
La suite ? Elle ne tardera pas. La task force de Rune Andersen présentera un nouveau rapport d’étape lors de la prochaine réunion du conseil de World Athletics, les 17 et 18 mars. Elle abordera à cette occasion la question du statut d’athlètes neutres des compétiteurs russes pour les épreuves internationales.
Le programme a été mis entre parenthèses depuis plusieurs mois par World Athletics. Il devrait reprendre avant la fin du mois, dans la perspective de la participation d’une dizaine de Russes aux Jeux de Tokyo.
Mais dans l’intervalle, les athlètes russes restent interdits de compétitions internationales. Aucun d’entre eux ne sera présent aux championnats d’Europe en salle, prévus en fin de semaine (5 au 7 mars) à Torun, en Pologne.