La messe serait-elle dite ? Plusieurs médias japonais l’annoncent depuis mercredi 3 mars, citant des sources multiplies et concordantes : les autorités japonaises et le comité d’organisation auraient arrêté leur décision d’interdire les spectateurs étrangers l’été prochain aux Jeux de Tokyo.
Le quotidien Mainichi, notamment, s’appuie sur des sources anonymes mais dignes de foi pour avancer que le gouvernement de Yoshihide Suga ne veut pas autoriser les visiteurs étrangers en raison des risques d’une nouvelle vague de la pandémie de COVID-19.
Officiellement, la décision d’accepter ou pas des spectateurs venus de l’étranger est annoncée pour la fin du mois de mars. Seiko Hashimoto, la nouvelle présidente du comité d’organisation, l’a confirmé mercredi 3 mars devant les médias, au terme d’une réunion par visioconférence (photo ci-dessous) avec Thomas Bach, le président du CIO, Andrew Parsons, son homologue de l’IPC, Yuriko Koike, la gouverneure de Tokyo, et Tamayo Marukawa, la ministre olympique.
Les échanges virtuels terminés, Seiko Hashimoto a confié qu’elle espérait une décision, et dans la foulée une annonce publique, avant le départ du relais de la flamme olympique, prévu le 25 mars de la préfecture de Fukushima. La dirigeante japonaise a précisé qu’une deuxième décision, concernant cette fois la jauge des spectateurs autorisés sur les sites de compétition, suivrait au mois d’avril.
Mais pour les médias japonais, la décision serait déjà prise. Elle ne serait pas la plus optimiste. Plusieurs options ont été à l’étude au cours des derniers mois. Parmi elles, trois ont émergé : les Jeux avec un nombre réduit de spectateurs, les Jeux avec un public exclusivement composé de résidents japonais, et enfin les Jeux à huis clos.
Ces dernières semaines, les experts se seraient en majorité rangés derrière la décision d’interdire les spectateurs venus de l’étranger. Interrogé par Kyodo News, un professeur des maladies infectieuses à l’université de Kobe, Kentaro Iwata, estime que la raison devrait inciter les autorités et les organisateurs à opter pour le huis clos. « Comme les Jeux olympiques sont un événement mondial, il est très important de considérer la situation des infections dans le monde entier plutôt que de se contenter de regarder ce qui se passe au Japon, explique-t-il. D’un point de vue médical, autoriser le public serait une erreur, surtout les spectateurs venus de l’étranger. »
Pour le professeur japonais, il sera quasiment impossible de contrôler les allées et venues des touristes olympiques pendant leur séjour à Tokyo. Et tout aussi impossible de les tenir à l’écart des Japonais, dans les transports publics, les restaurants ou les magasins.
Prudente, Seiko Hashimoto ne ferme pas la porte aux autres scénarios. Mais la présidente du comité d’organisation l’a reconnu mercredi 3 mars : « Nous devons vraiment réfléchir, longuement et sérieusement, aux souches mutantes du virus. L’anxiété demeure parmi les citoyens. Tant qu’il y aura de l’anxiété, il nous faudra travailler pour garantir leur sécurité. »
Le message est clair : pas question de prendre le moindre risque de voir l’opinion publique japonaise se retourner en masse contre les autorités et les organisateurs. A moins de 150 jours, l’une des priorités reste de restaurer la confiance des Japonais. Quitte, pour cela, à maintenir les frontières fermées aux visiteurs non accrédités.
A sa façon, Thomas Bach dit à peu près la même chose. « Nous allons nous concentrer sur l’essentiel, c’est à dire principalement les compétitions, a-t-il suggéré. Il faut que l’accent soit clairement mis sur cette priorité. » Les athlètes, donc. Avec ou sans public. Discours logique.
Avant le début de la pandémie, les organisateurs des Jeux pensaient attirer 7,8 millions de spectateurs aux Jeux olympiques, puis 2,3 millions aux Jeux paralympiques. Les recettes en billetterie avaient été estimées à 800 millions de dollars.