C’est fait. Proprement, sans éclat de voix ni un seul bruit de fond. Thomas Bach, 67 ans, a été réélu mercredi 10 mars pour un second – et dernier – mandat à la présidence du CIO.
Entamé en septembre 2013, le premier bail du dirigeant allemand dans le bureau présidentiel avait débuté au terme d’une bataille à cinq pour la succession du Belge Jacques Rogge. Mais en huit ans, l’ancien escrimeur a étouffé tout espoir pour la concurrence. Mercredi 10 mars, il s’est présenté seul devant les électeurs, réunis en mode virtuel pour la 137ème session de l’instance olympique.
Seul candidat, Thomas Bach aurait pu réaliser le score parfait. Il n’en a pas été loin. Le scrutin électronique lui a attribué 93 voix, pour un seul bulletin contre. Un seul opposant, donc, resté anonyme et difficile à identifier, la contestation se faisant souvent silencieuse dans le mouvement olympique. Quatre autres membres ont choisi de s’abstenir.
Avec cette victoire digne d’une république bananière, Thomas Bach restera aux commandes du CIO jusqu’en 2025.
Son premier mandat l’a vu traverser les tempêtes sans jamais donner l’impression de manquer de souffle, entre le scandale du dopage des Jeux de Sotchi, l’incertitude financière des Jeux de Rio, l’exclusion de la Russie des Jeux de PyeongChang, puis le report d’une année des Jeux de Tokyo.
En huit ans, Thomas Bach a également fait adopter la quasi totalité (88 %) des résolutions de l’Agenda 2020. Une feuille de route stratégique dont il a lui-même présenté le rapport devant la 137ème session, mercredi 10 mars, en début de réunion. Il a été approuvé avec un score annonciateur de sa future victoire personnelle : l’unanimité moins quatre abstentions.
A quoi ressemblera son prochain mandat ? A moins de 140 jours de l’ouverture, bien malin qui pourrait se risquer à prédire l’avenir à court terme. Mais le mouvement olympique le sait, même si son optimisme de façade suggère le contraire : tout peut encore arriver dans la perspective des Jeux de Tokyo. Y compris le pire.
Pas question, pourtant, d’ouvrir la porte aux spéculations. Sa réélection en poche, Thomas Bach s’est montré fidèle à lui-même, confiant dans la maîtrise de la situation sanitaire, optimiste sur le bon déroulement des Jeux.
« Tokyo reste la ville-hôte la mieux préparée de l’histoire olympique, et pour l’heure, nous n’avons aucune raison de douter que la cérémonie d’ouverture se tiendra bien le 23 juillet », a-t-il plaidé en s’adressant depuis la Maison olympique de Lausanne à l’écran géant où s’affichaient les visages de la centaine de membres de l’instance réunis en mode virtuel.
Pour Thomas Bach, la question n’est même plus de savoir si les Jeux auront lieu, puisque la réponse ne fait aucun doute. La seule question pertinente est de savoir « comment ils auront lieu. »
Le CIO a fait ses comptes : 270 compétitions majeures au niveau mondial ont pu se disputer depuis le début de la pandémie. Elles ont concerné environ 30.000 athlètes et donné lieu à plus de 200.000 tests. Le bilan ? « Pas un seul de ces événements n’a favorisé la propagation du virus, plaide Thomas Bach. Nous avons la preuve claire et objective que des grands événements sportifs avec un important nombre de participants peuvent être organisés en sauvegardant la santé de tous. Nous sommes maintenant dans une position plus chanceuse car plusieurs vaccins sont déjà opérationnels. Un nombre considérable d’athlètes olympiques a déjà été ou sera vacciné pour Tokyo. La situation continuera à s’améliorer à mesure que nous nous rapprocherons de la cérémonie d’ouverture. »
Débordant de confiance quant à une amélioration rapide de la situation sanitaire, Thomas Bach a expliqué plus tard dans la journée, en conférence de presse, que la question du nombre de spectateurs aux Jeux serait peut être tranchée en plusieurs temps. Une première décision à la fin du mois d’avril, mais sans fermer la porte à des mises à jour « en mai ou en juin ».
Moins attendue, la proposition formulée par Thomas Bach mercredi 10 mars devant la session de l’instance : une nouvelle version de l’historique trilogie « Plus haut, plus vite, plus fort », inventée par le Baron Pierre de Coubertin. Le président du CIO souhaite la compléter d’un quatrième mot, Ensemble. « Plus haut, plus vite, plus fort – ensemble », un nouvel attelage plus en phase selon lui avec le monde d’après.
« Cela pourrait être, de mon point de vue, un engagement fort envers notre valeur fondamentale de solidarité et une adaptation appropriée et humble aux défis de ce nouveau monde, a suggéré Thomas Bach. Nous avons besoin de plus de solidarité au sein des sociétés et entre les sociétés. Le monde est tellement interdépendant que plus personne ne peut résoudre seul les grands défis. » Très fort.