Le football vivrait-il sur une planète à part ? A l’heure où le mouvement sportif international navigue dans la tempête en craignant pour ses finances, la FIFA maintient le cap en donnant l’impression de ne pas subir les effets de la crise.
L’instance présidée par Gianni Infantino a publié en fin de semaine passée son rapport financier annuel. Il laisse entrevoir la perspective d’atteindre l’objectif de recettes de 6,44 milliards de dollars sur quatre ans, jusqu’à la Coupe du Monde 2022 au Qatar.
Les comptes tombent juste. Les caisses restent pleines. Miraculeux.
Pourtant, la FIFA n’a pas lésiné sur les dépenses pour venir en aide aux fédérations membres les plus touchées par les effets de la pandémie. Pour l’année 2020, ses dépenses ont atteint la somme très respectable de 1,04 milliard de dollars, dont 270 millions de dollars de subventions dans le cadre d’un plan mondial de soutien aux effets de la crise sanitaire. Le plan en question incluait notamment un don de 10 millions de dollars à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
A l’image du CIO, par exemple, la FIFA a accordé des avances sur subvention aux fédérations et organisations les plus durement affectées par l’arrêt des compétitions. Ces dépenses exceptionnelles ont eu un impact direct sur les réserves de l’instance, en diminution de plus de 700 millions de dollars. Mais, pas de panique, elles restent encore proches des deux milliards de dollars.
Toujours dans la colonne des dépenses, une prime annuelle accordée à Gianni Infantino. Montant : un million de dollars. Cool. Le président de la FIFA a émargé à plus de 3 millions de dollars de salaire brut annuel avant impôt pour l’exercice 2020. Il avait perçu sensiblement la même somme au cours de l’année précédente.
La secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura, a vu de son côté ses émoluments prendre de la hauteur. Grâce à un coup de pouce de 50.000 francs suisses (54.000 dollars) sur sa prime annuelle, la Sénégalaise a perçu l’an passé un salaire de 1,72 million de dollars avant impôt.
Effet direct de la pandémie de coronavirus : des économies à presque tous les étages. L’annulation de plusieurs tournois mondiaux, dans les catégories de jeunes, plus celles du congrès annuel prévu en Éthiopie, et de la cérémonie de remise des prix à Milan, ont allégé les dépenses.
Le rapport annuel de l’instance relève également que les frais de voyages, souvent très élevés dans le monde du football et de ses institutions, ont été « réduits au strict minimum ». Le passage en virtuel de nombreuses réunions a contribué à réduire de façon spectaculaire le train de vie de l’instance.
Quant aux dépenses d’administration et de gouvernance, établies à 169 millions de dollars pour l’année 2020, elles se sont révélées en baisse de 42 millions de dollars par rapport au budget prévisionnel.
A l’inverse, les recettes n’ont pas bougé. Le rapport annuel de la FIFA précise que les revenus issus des droits de télévision de la Coupe du Monde ont déjà été bouclés à 92% de l’objectif initial.
L’instance du football peut se frotter les mains : elle a sécurisé 80 % des revenus issus de tous ses contrats de partenariat et marketing pour la période 2019-2022. Au terme de l’année 2020, ils lui ont rapporté plus de 5,1 milliards de dollars. La crise peut continuer, le navire FIFA ne prendra pas l’eau.