A moins de quatre mois de l’ouverture des Jeux de Tokyo, la Russie n’en est pas encore à compter ses troupes. La sélection ne lui appartient plus tout à fait. Elle devra s’y faire. Mais ses dirigeants sportifs semblent très préoccupés par un accessoire de l’habillage olympique : l’hymne.
A défaut de pouvoir faire jouer la version originale, interdite des Jeux de Tokyo, tout comme les couleurs et le drapeau du pays, la Russie se verrait bien voyager vers le Japon en emportant dans ses malles une composition musicale taillée pour marquer l’événement. Un hymne de substitution qui identifierait la Russie dès les premières notes. Et, au passage, apporterait aux médaillés leur dose d’émotion pendant les cérémonies du podium.
Leur dernière idée : un morceau de musique du compositeur Piotr Tchaïkovski. Grandiose.
Stanislav Pozdnyakov, le président du comité olympique russe (ROC), a expliqué jeudi 25 mars que le projet avait déjà discuté avec le CIO. L’instance olympique n’a pas encore envoyé sa réponse.
« Nous avons trouvé un compromis pour toutes les parties. Nous espérons que le Comité international olympique acceptera très bientôt notre proposition », a expliqué Stanislav Pozdnyakov.
Le comité olympique russe a testé son projet cette année à l’occasion de certaines épreuves de patinage de vitesse. Mais il s’est abstenu de faire pression sur les organisateurs des événements majeurs du calendrier international, les laissant utiliser l’hymne officiel de la compétition pour les cérémonies impliquant des athlètes russes.
L’affaire n’est pas simple. En prononçant en décembre dernier la suspension de la Russie de toutes les compétitions olympiques et mondiales pendant une période de deux ans, le Tribunal arbitral du sport (TAS) n’a pas réglé d’un coup tous les sujets de débat. L’hymne en est un. A l’évidence, pas le plus simple.
Le mois dernier, le comité olympique russe a suggéré que la délégation des « athlètes olympiques de la Russie » pourrait être accompagnée aux Jeux d’une chanson folklorique connue dans le monde entier, « Katyusha ». Mais le TAS a retoqué ce premier choix, citant une disposition de sa décision du mois de décembre dernier selon laquelle une équipe russe ne peut en aucun cas utiliser « un hymne directement lié à la Russie ».
Mais, imprudent, le TAS n’a pas précisé si cette disposition concernait toute musique ayant un lien avec la Russie. Les dirigeants sportifs russes ont donc repris le dossier au point de départ, sans s’interdire d’aller chercher dans les noms les plus illustres du passé.
Piotr Tchaïkovski ? Né en 1840 à Votkinsk, disparu 53 ans plus tard à Saint-Pétersbourg, le compositeur du Lac des Cygnes et de Casse-noisette ne pourrait pas être plus russe. Mais Stanislav Pozdnyakov le suggère : sa musique doit aujourd’hui être considérée comme « faisant partie de l’héritage musical mondial ». Pas faux.
Aux Jeux de Tokyo, dans moins de 120 jours, les athlètes russes devront porter comme seule emblème le logo de leur comité national olympique. Ils défileront derrière le drapeau olympique. Mais monter sur le podium aux notes de Piotr Tchaïkovski aurait une allure folle.