Jusqu’ici tout va bien. Et même, allez, un peu mieux que bien. En substance, tel a été le ton du discours tenu par Tony Estanguet, mercredi 31 mars, devant la Commission de la Culture, de l’Education et de la Communication du Sénat.
Le président du COJO Paris 2024 était accompagné dans l’hémicycle par Marie Barsacq, la directrice de l’Impact et de l’Héritage, et Nicolas Ferrand, le directeur général de la SOLIDEO (Société de livraison des ouvrages olympiques). Il n’a pas été question de sport. Pas encore. Mais pour le reste, le tableau s’est avéré assez complet.
Sans craindre une certaine lassitude dans la formule, Tony Estanguet n’a pas résisté à ressortir devant les sénateurs la promesse de Paris 2024 : « Faire bouger les lignes. » Refrain connu.
Comment ? Patience. En ces temps de pandémie mondiale, et d’un durcissement des mesures sanitaires annoncé mercredi soir par Emmanuel Macron, le COJO n’a pas d’autre choix que laisser au frais certaines de ses initiatives. Mais Tony Estanguet insiste : les Jeux tiendront leurs engagements, notamment en termes d’emplois et d’impact économique.
« Malgré le contexte, nous continuons à porter notre ambition, a-t-il expliqué. Nous allons solliciter 150.000 emplois. Au total, près de 4 milliards d’euros d’argent privé vont être injectés dans l’économie française. »
Le marketing ? Tout roule, plaide le triple champion olympique de canoë. Au Sénat, il a ressorti les chiffres étalés depuis plusieurs mois, et rappelé la comparaison avantageuse avec le « modèle » des Jeux de Londres 2012. Avec plus de la moitié (53 %) de l’objectif de 1,1 milliard d’euros de recettes déjà au coffre, Paris 2024 reste « dans les temps de passage de Londres 2012 qui est la référence ».
Sur la question des travaux, elle aussi affectée par les confinements successifs, Tony Estanguet a passé le ballon à Nicolas Ferrand, le patron de la SOLIDEO. Les deux hommes diffèrent dans leur style, mais assez peu dans le propos. « Nous sommes dans le calendrier posé il y a trois ans », insiste Nicolas Ferrand. Pas d’inquiétude, donc, même si la marge de manoeuvre se réduit au rythme où la crise s’éternise.
Jusque-là, rien de très nouveau. En revanche, Tony Estanguet a sans doute réveillé quelques sénateurs somnolents au moment d’aborder la question de la billetterie. « Il est intéressant de voir que la réduction du nombre de spectateurs entraîne une réduction des dépenses en lien avec la sécurité, la restauration, les transports… Si nous devions réduire la voilure en nombre de spectateurs, les dépenses seraient également diminuées. »
Mathématiquement, le raisonnement du président du COJO se tient. Mais sur le fond, il peut surprendre. Il suggère que les organisateurs parisiens planchent déjà sur des Jeux marqués d’une jauge, à plus de trois ans de l’événement. Sombre perspective.
Les transports, enfin. A l’évidence, le sujet qui fâche. Depuis la phase de candidature, où le Grand Paris était présenté comme un nouveau modèle urbain pour les déplacements collectifs, le COJO a vu les projets tomber les uns après les autres comme les fantassins sous la mitraille. Tony Estanguet et ses troupes n’y sont pour rien. Ils subissent les retards sans avoir la moindre prise sur le calendrier des travaux. Il n’empêche, la réalité d’aujourd’hui ressemble de moins en moins au scénario promis.
Le Grand Paris Express, censé permettre de rejoindre la capitale depuis l’aéroport Charles-de-Gaulle, ne sera pas prêt à temps. Les lignes 16 et 17 du métro, destinées à desservir le Bourget où sera construit le village des médias, ont également du plomb dans l’aile. « Nous réfléchissons à d’autres options pour acheminer les spectateurs », a reconnu Tony Estanguet.
Parmi elles, le vélo. Pas forcément facile pour tout le monde, surtout pour rejoindre le Stade de France depuis le coeur de Paris. Mais résolument durable. Tony Estanguet l’a révélé : le COJO pourrait décider de prévoir des espaces de parking à vélo près des sites olympiques. Cool.