Le mouvement olympique ne se présentera pas au grand complet, vendredi 23 juillet, à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Tokyo. Un pays manquera à l’appel au moment du défilé des délégations. A moins de 110 jours de l’événement, la Corée du Nord a annoncé, mardi 6 avril, sa décision ne pas participer aux prochains Jeux d’été.
Pour la première fois de l’histoire, le renoncement d’un pays membre du mouvement olympique n’est pas motivé par des raisons politiques ou diplomatique. Il est justifié par des motifs sanitaires.
Le ministère nord-coréen des Sports a annoncé sur son site Internet officiel que le pays avait « décidé de ne pas participer aux 32e Jeux olympiques afin de protéger les athlètes de la crise sanitaire mondiale causée par le COVID-19. »
La décision aurait été prise le 25 mars dernier à l’occasion d’une réunion du comité olympique nord-coréen. L’agence officielle de presse nord-coréenne, KCNA, en avait relaté la tenue et le contenu. Elle avait précisé que les officiels nord-coréens avaient discuté de plusieurs sujets, dont la nécessité d’investir dans la haute technologie, les moyens de décrocher des médailles dans les compétitions internationales, et enfin la mise en place d’un plan stratégique de cinq ans pour promouvoir l’activité physique auprès du grand public. Mais, curieusement, elle n’avait pas fait mention de la décision, pourtant historique, de renoncer aux Jeux de Tokyo.
La Corée du Nord a-t-elle ouvert une brèche, en rayant les Jeux de Tokyo de son calendrier pour « protéger la santé » de ses athlètes ? L’avenir répondra. Mais une chose est sûre : son absence de l’événement olympique est lourde de conséquences.
La première est politique. Trois ans après le défilé commun des deux Corée à la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de PyeongChang 2018, les Jeux de Tokyo auraient pu contribuer à sortir la Corée du Nord de son isolement diplomatique.
Moon Jae-in, le président sud-coréen, n’a pas caché sa volonté de profiter des Jeux de Tokyo pour reprendre le dialogue. « Les Jeux olympiques de Tokyo qui se tiennent cette année pourraient être une opportunité pour des dialogues entre la Corée du Sud et le Japon, le Nord et le Sud, la Corée du Nord et le Japon, et la Corée du Nord et les États-Unis », a-t-il suggéré le 1er mars dernier dans son discours pour la fête nationale de l’indépendance de la Corée du Sud.
L’autre conséquence est plus directement olympique. En fin de semaine passée, les autorités de Séoul ont annoncé vouloir maintenir leur candidature aux Jeux d’été en 2032, malgré la position d’ultra favori du dossier australien porté par Brisbane et le Queensland. Une candidature qui serait commune avec la Corée du Nord, articulée autour des deux capitales, Séoul et Pyongyang.
Sur le papier, le projet coréen semblait fragile, et sans doute pas de taille à inverser un processus qui pourrait désigner l’Australie dès la prochaine session du CIO, prévue en marge des Jeux de Tokyo. Avec l’annonce du renoncement de la Corée du Nord auxJeux de Tokyo, ses chances sont désormais quasi nulles.
Sportivement, l’absence de la Corée du Nord ne devrait pas modifier le cours de l’histoire. Mais elle n’est pas non plus anecdotique. Aux derniers Jeux d’été, à Rio de Janeiro en 2016, la délégation nord-coréenne comptait 31 athlètes, engagés dans neuf sports. Ils avaient remporté sept médailles, dont deux en or (gymnastique artistique et haltérophilie). La Corée du Nord avait pris la 34ème place au classement des médailles.