A moins de 110 jours de l’ouverture des Jeux de Tokyo (J – 106 ce jeudi 8 avril), la question de la vaccination des athlètes ne semble plus faire l’objet d’un débat éthique et moral. A l’approche de l’événement, le pragmatisme prend le dessus. Logique.
Selon une source « proche du dossier » citée par Kyodo News, le gouvernement japonais envisagerait de placer les futurs membres de la délégation olympique en tête de la liste des personnes à vacciner en priorité contre le COVID-19.
Les athlètes japonais recevront les deux doses du vaccin avant la fin du mois de juin, ce qui leur laissera suffisamment de temps pour se remettre des éventuels effets secondaires avant de plonger dans la préparation finale des épreuves olympiques.
Lancée à la mi-février, la campagne de vaccination a été retardée au Japon par la lenteur dans l’approvisionnement des doses. Elle a débuté par les personnels de santé. Elle doit se poursuivre par les personnes âgées de 65 ans et plus, puis par les Japonais souffrant de certaines pathologies, dont le diabète.
Les discussions avec les comités olympique et paralympique japonais en seraient seulement aux premiers échanges, mais il semble que l’ordre de priorité décidé par le gouvernement place les athlètes devant une partie de la population des personnes âgées, très nombreuse au Japon.
En revanche, la question de la vaccination des autres membres de la délégation, entraîneurs et officiels, ne serait pas encore tranchée. Elle s’avère délicate, l’opinion publique japonaise risquant de tiquer à la perspective de voir un coach être vacciné avant un malade du diabète.
Aux Etats-Unis, le sujet a été longuement évoqué mercredi 7 avril, au premier jour du « media summit » organisé par l’USOPC en mode virtuel. Sarah Hirshland, la directrice générale de l’instance, a expliqué que le comité national olympique et paralympique aiderait les athlètes à se procurer le vaccin, mais sans faire de la vaccination une condition pour participer aux Jeux de Tokyo.
« Nous n’imposerons pas le vaccin, ni aux athlètes de Team USA ni aux autres membres de la délégation, a assuré Sarah Hirshland. Mais nous l’encourageons. Nous allons grandement faciliter l’accès des membres de la délégation aux centres locaux de santé publique, aux hôpitaux et aux fournisseurs, afin qu’ils puissent facilement se faire vacciner, où qu’ils s’entraînent dans le pays. Nous savons que beaucoup de nos athlètes et de notre personnel ont été vaccinés, mais ce n’est pas quelque chose que nous suivrons ou que nous imposerons. »
L’USOPC se place avec prudence sur la ligne de conduite fixée plus tôt par le CIO : une vaccination recommandée sans être obligatoire, aucune priorité mais une aide logistique, voire financière, pour accéder aux précieuses doses. Le comité olympique et américain le fait avec d’autant plus de facilité que Joe Biden a ordonné, cette semaine, aux États d’élargir l’éligibilité au vaccin aux personnes âgées de 18 ans ou plus d’ici le 19 avril.
Qu’en pensent les athlètes ? A l’évidence, ils sont pour et n’en font pas mystère. Interrogés au premier jour du « media summit » de l’USOPC sur leurs intentions, la plupart ont répondu par l’affirmative.
« J’hésite toujours, je n’aime pas me faire vacciner contre la grippe chaque année, a expliqué Kara Kohler, médaillée de bronze en aviron aux Jeux de Londres 2012. Mais je pense que je vais le faire, car je ne veux pas prendre de risque. Je ne veux pas risquer d’être malade, d’avoir des problèmes respiratoires et de ne pas pouvoir disputer la compétition. »