Les jours passent, mais rien ne change. A la veille de célébrer la date symbolique de J – 100 jours avant l’ouverture des Jeux de Tokyo, mercredi 14 avril, l’opinion publique japonaise reste très majoritairement hostile à la tenue de l’événement olympique.
Selon un sondage réalisé du 10 au 12 avril par l’agence Kyodo News, plus de 70 % des Japonais continuent à souhaiter ouvertement que les Jeux de Tokyo soient annulés ou une deuxième fois reportés.
Dans le détail, 39,2 % des personnes interrogées ont déclaré vouloir une annulation pure et simple de l’événement. Une proportion légèrement inférieure (32,8 %) est favorable à un nouveau report. Dans le camp opposé, ils sont seulement 24,5 % à exprimer leur souhait que les Jeux se tiennent aux dates prévues (23 juillet au 8 août).
A 100 jours et une poignée d’heures de la cérémonie d’ouverture, les Jeux sont donc attendus avec envie par moins d’un quart de la population du pays hôte. A coup sûr un autre record olympique pour le Japon, comme ceux déjà battus par Tokyo 2020 concernant le coût de l’événement et les recettes en marketing. Mais un record dont le pays se serait bien passé.
Les organisateurs n’y sont pas pour grand-chose. Certes, les polémiques sur le sexisme de l’ex président du comité d’organisation, Yoshiro Mori, et de l’ancien directeur artistique des cérémonies, Hiroshi Sasaki, n’ont pas aidé à faire remonter la cote de popularité d’un événement déjà plombé par une odeur de corruption et un budget gonflé à l’hélium. Mais le dernier sondage de Kyodo News le confirme : l’hostilité du public s’explique pour l’essentiel par la crainte d’une nouvelle vague de la pandémie de COVID-19.
Plus de 92,6 % des personnes interrogées par l’agence de presse avouent craindre une résurgence des infections. La perspective de voir débarquer dans moins de 100 jours des athlètes, entraîneurs, officiels et journalistes venus de 205 pays dans le monde (la Corée du Nord a déjà annoncé son renoncement), donne des sueurs froides à un public japonais par ailleurs peu convaincu par la politique sanitaire de son gouvernement central.
La campagne de vaccination, débutée en février dernier mais alors seulement dédiée au personnel de santé, a connu un coup d’accélérateur lundi 12 avril. Les injections de vaccination concernent désormais les Japonais âgés de 65 ans et plus. Ils sont actuellement environ 36 millions sur l’ensemble de l’archipel.
Mais les doses importées se révèlent en nombre insuffisant. Le rythme de la vaccination reste très lent. Il permettra peut-être d’immuniser les Japonais les plus âgés avant le début des Jeux, mais il n’est pas certain que les volontaires recrutés par le comité d’organisation soient vaccinés à temps.
Pour le comité d’organisation, la défiance du public et la lenteur de la campagne de vaccination ne sont pas sans effet sur les prochaines décisions. En tête de liste, la jauge des spectateurs – Japonais et résidents au Japon exclusivement – autorisés sur les sites de compétition. Elle est attendue pour la fin du mois d’avril.
Dans le contexte sanitaire actuel, il serait logique que les organisateurs optent pour une jauge réduite, quitte à réduire encore les recettes de la billetterie.
En attendant, la flamme olympique poursuit non sans mal son parcours dans l’archipel. Mardi 13 avril, ses relayeurs ont connu un grand moment de solitude en traversant en silence un vaste parc de la ville de Suita, sans le moindre public pour les voir courir au petit trot en portant le flambeau.
Le parcours était censé emprunter les rues d’Osaka, mais il en a été dérouté à la demande des autorités locales. Chacun des relayeurs était autorisé à inviter quatre personnes, famille comprise. Une centaine de relayeurs est prévue pour les deux jours de la traversée de la préfecture d’Osaka, ce mardi et mercredi 14 avril. Quatre cents spectateurs, donc. Un autre record olympique.