Le CIO n’en fait pas mystère : le budget des Jeux olympiques est devenu sa première obsession, depuis l’historique facture finale des JO d’hiver de Sotchi en 2014. L’instance observe les comptes des futurs organisateurs avec des manières de contrôleur de gestion. Au moindre dépassement, ils sont rappelés à l’ordre.
Dans un tel contexte, la dernière trouvaille des organisateurs italiens des Jeux d’hiver de Milan/Cortina 2026 pourrait bien ouvrir une brèche. Et même, qui sait, réinventer la manière de présenter un budget olympique.
Un peu moins de deux ans après la désignation du projet italien par la 134ème session du CIO, la commission de coordination a tenu lundi 19 avril sa deuxième réunion. Crise sanitaire oblige, elle s’est réduite à un échange en visioconférence, forcément limité et superficiel. La première de la série, organisée en septembre dernier, avait subi le même sort.
Difficile, dans ces conditions, de vérifier de visu l’état d’avancement de la préparation. Mais le CIO le relève dans son compte-rendu : tout va bien, le train avance à belle allure.
La présidente de la commission de coordination, la Finlandaise Sari Essayah, pointe avec satisfaction que le comité d’organisation de Milano Cortina 2026 a « fait de grands progrès malgré la pandémie en cours ». Fait le plus marquant : le processus de sélection du nouvel emblème des Jeux, qui a donné lieu à plus de 871.000 votes.
A en croire Sari Essayah, « Milano Cortina n’a pas seulement progressé dans les domaines les plus visibles, comme l’emblème officiel, mais aussi dans les coulisses, avec un travail de fond dans des secteurs comme l’engagement, le marketing, les opérations et la planification des sites. » Alléluia.
Seule pomme de discorde : la piste de bobsleigh, luge et skeleton de Cortina d’Ampezzo. Depuis la victoire italienne face au projet olympique suédois (47 voix contre 34), en juin 2019, les deux parties s’accrochent.
Les Italiens s’obstinent à vouloir restaurer la piste historique des Jeux d’hiver de Cortina en 1956, baptisée Eugenio Monti, abandonnée depuis 13 ans en raison de son coût. Mais le CIO n’en veut pas. L’instance olympique conteste la pertinence d’un projet de rénovation estimé à 50 millions d’euros. Elle insiste sur l’absence d’un véritable programme d’héritage.
Dans son rapport, la commission de coordination a encore insisté, lundi 19 avril, sur ses doutes et son désaccord. Elle explique avoir « une nouvelle fois fait part de ses préoccupations quant à l’héritage de cette piste ». Elle souligne que le CIO a fait un certain nombre de propositions pour organiser les épreuves sur d’autres pistes, notamment en Suisse (Saint-Moritz) et en Autriche (Igls), mais « aucune n’a été acceptée ».
Mais les organisateurs italiens ont sans doute trouvé la parade pour étouffer la polémique. Et, surtout, pour calmer l’agacement du CIO. Ils ont tout bêtement sorti la piste de luge, bobsleigh et skeleton du budget des Jeux d’hiver 2026.
Les travaux sur la piste de glisse seront englobés dans un projet plus vaste de parc de divertissement, sans lien avec les Jeux en 2026. La dépense, pourtant tout sauf anecdotique, ne fera pas partie du budget d’investissement de l’événement olympique et paralympique.
Le CIO le pointe du doigt : la piste sera « uniquement utilisée par le comité d’organisation pour la durée des Jeux. Avant et après, le site sera sous la seule autorité de la région Vénétie et ne sera pas géré par le comité national olympique italien (CONI), ni par le comité d’organisation de Milano Cortina 2026″.
En clair, peu importe le montant de la facture, pour le CIO, puisqu’elle ne sera pas imputée aux Jeux…
En revanche, les discussions se poursuivent concernant l’anneau de patinage de vitesse, déjà source de « commentaires » par la commission d’évaluation du CIO dans son rapport préalable à l’élection de la ville-hôte des Jeux d’hiver de 2026.
Les organisateurs italiens ont proposé un anneau extérieur, à Baselga di Piné, dans la région de Trente. Mais le CIO se dit peu convaincu. Deux options sont à l’étude : un anneau de vitesse en indoor, installé de façon temporaire dans une arena de Milan ; et la remise à niveau du site extérieur des Jeux d’hiver de Turin 2026.