Pour le changement, il faudra attendre. Sans réelle surprise, le CIO a repoussé à plus tard toute idée de réforme de la règle 50 de la charte olympique sur la liberté d’expression aux Jeux. A Tokyo, l’été prochain, les athlètes devront donc garder pour eux leur envie d’exprimer sur le terrain, ou mieux encore sur le podium, une opinion « politique, religieuse ou raciale ».
L’épineuse question de la règle 50, devenue un serpent de mer du mouvement olympique, figurait à l’ordre du jour de la réunion de la commission exécutive du CIO, organisée mercredi 21 avril en mode virtuel. Elle tenait toute entière dans un rapport présenté par Kirsty Coventry, la présidente de la commission des athlètes. Mais, comme attendu, le gouvernement de l’instance a voté à l’unanimité pour un statu quo.
Prévisible. Mais le CIO le précise sans se priver d’étaler ses chiffres : la décision de repousser une nouvelle fois une réforme de la charte n’a pas été prise sur un coin de table, entre la poire et le fromage. Elle est le résultat d’un long travail de recherche, d’une sérieuse analyse et d’un processus démocratique.
Le rapport présenté par Kirsty Coventry s’appuie sur une consultation menée pendant 11 mois auprès de 3.547 athlètes représentant 185 comités nationaux olympiques et 41 sports olympiques. En prime, la commission des athlètes a interrogé des experts de la question des droits de l’homme.
Résultat : une grande majorité des athlètes interrogés (70 %) estime qu’il n’est pas approprié de manifester, ou d’exprimer une opinion, sur le lieu de la compétition ou pendant les cérémonies officielles. Une proportion à peine moins élevée (67 %) juge qu’il ne serait pas non plus opportun de le faire sur le podium.
Pas question, pour autant, de rester les deux pieds entièrement dans les mêmes sabots. Au moment où l’Amérique célèbre le verdict historique du procès du policier reconnu coupable de la mort de George Floyd, le CIO ne pouvait pas faire moins que prévoir quelques « ajustements » à la règle 50 de la charte olympique.
Rien de très spectaculaire, certes, mais la porte est désormais légèrement entrouverte. L’instance propose de « multiplier les possibilités offertes aux athlètes d’exprimer leur opinion durant les Jeux ». Comment ? En modifiant le serment olympique, pour y ajouter des messages sur l’inclusion et la non-discrimination, par exemple. Les athlètes s’engageraient désormais à participer « dans un esprit de fair-play, d’inclusion et d’égalité, sans aucune forme de discrimination ».
Autre proposition : la possibilité d’inclure des messages collectifs dans l’identité visuelle du village des athlètes, pour « célébrer la paix, le respect, la solidarité, l’inclusion et l’égalité ». Enfin, les délégations seraient autorisées à enrichir leurs tenues officielles de messages inclusifs sur les thèmes de la paix, du respect, de la solidarité, de l’inclusion et de l’égalité.
Reste une question : les sanctions en cas de violation de la règle 50. Kirsty Coventry l’a expliqué en conférence de presse : la commission des athlètes souhaite une clarification des sanctions. Mais l’ancienne nageuse, aujourd’hui ministre des Sports du Zimbabwe, a hésité avant de répondre à une question sur le sort qui serait réservé à Tommie Smith et John Carlos selon les directives recommandées.
« Nous demandons à la commission des affaires juridiques du CIO de proposer des sanctions proportionnées et variées, afin que chacun sache, avant d’entrer dans les Jeux, ce qu’il peut et ne peut pas faire », a expliqué Kirsty Coventry.